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6.7 Secrets des éducateurs et formateurs

Source = emploipublic.fr

La société civile prodigue des formations dans les domaines de la psychologie, de la sociologie et du droit, qui constituent des formations utiles pour les métiers du secteur social. Elle prodigue en outre des formations spécifiques pour les assistants sociaux, les conseillers conjugaux et les médiateurs familiaux qui agissent auprès des familles.

L’Office national d’information sur les enseignements et les professions (Onisep) donne une vision synthétique des métiers du secteur social et des formations correspondantes[1], par niveau, du CAP au master, préparant aux différents métiers liés à la famille, et notamment :

  • Diplôme d’Etat de médiateur familial, d’assistant familial, d’éducateur spécialisé, d’éducateur de jeunes enfants, de conseiller en économie sociale familiale, de technicien de l’intervention sociale et familiale, etc.
  • BTS en Economie sociale familiale
  • CAP d’Assistant technique en milieux familial et collectif
  • …/…

Ainsi, pour devenir conseiller conjugal et familial en France, il faut suivre une formation qualifiante de 2 à 3 ans dispensée par des organismes de formation agréés par l’Etat (Ministère des Affaires Sociales)[2]. Les formations correspondantes sont accessibles aux titulaires d’un BAC + 2 dans les domaines psycho, sanitaire (infirmier), socio-éducatif (éducateur), ou juridique. Elles permettent d’obtenir une « attestation de qualification de conseil conjugal et familial ».

Les conseillers conjugaux peuvent en outre s’orienter vers une formation à la médiation familiale qui met en œuvre des techniques de négociation et de gestion des conflits :

La médiation familiale est un processus de résolution des conflits familiaux dans lesquels les membres d’une famille demandent ou acceptent l’intervention confidentielle d’une personne tierce neutre et qualifiée, appelée médiateur.

Une formation spécifique peut leur permettre d’obtenir le diplôme d’Etat de médiateur familial (DEMF).

Sans être conseiller conjugal, il est également possible de se former à la médiation par une  formation initiale ou continue. On citera en particulier :

  • les formations spécifiques à la médiation, comme celles de l’Institut de formation à la médiation et à la négociation (IFOMENE) en France, et son homologue africain, le centre de recherche, de formation professionnelle à la médiation à l’arbitrage et à la négociation (CERFOPMAN[3]), basé en Côte d’Ivoire, avec des projets d’antennes dans de nombreux pays africains.
  • les formations dans des domaines connexes, comme la conduite du changement ou la gestion des conflits, par exemple à l’ATCC [4].
  • Les formations spécifiques à la médiation familiale, permettant notamment d’obtenir le diplôme universitaire correspondant.

Une fois formés, les médiateurs sont habituellement tenus à une formation continue, pour rester informés des nouveautés et faire contrôler régulièrement leur travail, grâce à des exercices de retour de pratique, qui se déroulent le plus souvent entre pairs au sein d’associations professionnelles de médiateurs telles que :

  • Association pour la médiation familiale (APMF) [5] ;
  • Association française nationale de médiation (ANM)[6]
  • Association des médiateurs familiaux chrétiens (AMFC)[7],
  • Associations nationales de médiation, par exemple suisse, belge, canadienne, etc.
  • Conseil International de la Médiation (CIM)[8], …/…

Ces associations proposent des actions de sensibilisation et d’éducation aux familles comme par exemple dans l’Essonne où j’habite :

  • L’Association pour le couple et l’enfant en Essonne (APCE91) propose un accueil téléphonique et 17 lieux de rencontre des familles avec des professionnels dans les domaines du conseil conjugal et familial, de la médiation familiale et de l’accompagnement de la relation parents-enfants
  • L’association Dinamic médiation familiale[9] propose des permanences dans quatre villes du département ;
  • Essonne médiation et arbitrage[10], qui regroupe des avocats formés à la médiation et titulaires d’un diplôme de médiateur, donne l’adresse de ses membres à qui le leur demande.

La sensibilisation, l’éducation et la formation des familles est une toute autre question, du fait de leur nombre et de leurs conditions de vie qui ne leur permettent généralement pas de se former à devenir parents et à fonder une famille.

Autrefois, les formations « sur le tas » étaient assurées par les grands parents et l’entourage. Aujourd’hui, l’école prend en partie le relais et propose un certain apprentissage de la vie en société, de la sexualité et de la parentalité.

Au plan international, l’organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture, (Unesco) l’appelle « éducation complète à la sexualité ». Elle a par ailleurs édicté des Principes directeurs internationaux[11] pour aider les éducateurs à élaborer des programmes scolaires sur ce thème. Pour l’UNESCO,

L’éducation complète à la sexualité (ECS) est un processus d’enseignement et d’apprentissage fondé sur un programme portant sur les aspects cognitifs, émotionnels, physiques et sociaux de la sexualité. Elle vise à doter les enfants et les jeunes de connaissances factuelles, d’aptitudes, d’attitudes et de valeurs qui leur donneront les moyens de s’épanouir – dans le respect de leur santé, de leur bien-être et de leur dignité –, de développer des relations sociales et sexuelles respectueuses, de réfléchir à l’incidence de leurs choix sur leur bienêtre personnel et sur celui des autres et, enfin, de comprendre leurs droits et de les défendre tout au long de leur vie.

De nombreux pays et organisations s’inspirent peu ou prou de ces principes pour s’adresser aux parents et aux éducateurs. La variété de leurs propos est édifiante :

  • Le ministère français de l’éducation nationale publie un site consacré à l’éducation à la sexualité[12]
  • Dans les collèges français, le programme de Sciences de la Vie et de la terre (SVT) comporte des cours sur la transmission de la vie chez l’homme et la femme, en détaillant les aspects physiologiques et en évoquant parfois le volet psychologique et affectif[13] Sous prétexte de laïcité, de respect de la liberté et de prévention des maladies sexuellement transmissibles, l’éducation nationale française enseigne en effet des théories contestées comme celle du genre, promeut les offres des lobbies pharmaceutiques (préservatifs, pilules contraceptives et abortives…) et passe généralement sous silence les visions et bonnes pratiques des religions.
  •  Elle lutte avec raison contre l’homophobie mais passe généralement sous silence les risques qu’entraînent l’homosexualité, le divorce ou l’avortement.
  • Le gouvernement de l’île du Prince Edward, au Canada, explique aux parents les comportements normaux, inquiétants et pathologiques des enfants en matière de sexualité[14].
  • Des magazines comme « Naître et grandir » expliquent les étapes du développement psychosexuel de l’enfant[15] de zéro à huit ans, à destination des éducateurs et des jeunes.

Un réseau d’intervenants indépendants en Éducation Affective, Relationnelle et Sexuelle (EARS) s’est mis en place dans la société civile française pour permettre aux professionnels d’échanger entre eux et pour leur fournir des contenus pédagogiques auprès des jeunes en milieu scolaire (primaire, collège, lycée) et jeunes professionnels[16].

Des acteurs privés proposent aussi des formations sur l’intelligence relationnelle et la gestion des conflits. Ainsi, lors d’un stage de formation à l’ATCC[17]sur la transformation des conflits interpersonnels, les participants ont pu expérimenter des notions de communication non-violente. A l’issue des exercices, un des stagiaires, âgé de 65 ans, s’est exprimé avec force : « Mais pourquoi ne nous a-t-on pas appris cela à l’école ? »

En effet, l’école n’a pas pour seul objet d’enseigner des savoirs, domaine où les moyens d’enseignements à distance (livres, cours en ligne, Mooc, communautés d’apprenants…) supplantent déjà les enseignants, mais pour enseigner un savoir être et un savoir apprendre incluant une éducation à la vie collective, voire la vie affective. Il semble donc que les enseignants devraient enseigner des bases de la communication interpersonnelle, de la gestion des conflits pour mieux les préparer à leur vie future.

Une telle éventualité est d’ailleurs proposée à de multiples endroits :

  • L’école positive pour une éducation bienveillante[18] s’appuie sur le fait que seule une relation empathique et bienveillante permet à l´enfant de déployer toutes ses possibilités affectives et intellectuelles. Ellepropose d’utiliser les outils de toutes les sciences de l’éducation, des neurosciences, des thérapies comportementales et cognitives, de l’analyse transactionnelle, de la méditation de pleine conscience, de la communication non-violente, de la programmation neurolinguistique, de la psychologie positive et de la psychologie cognitive, pour un meilleur épanouissement de l’enfant. Des enseignants témoignent alors de résultats positifs[19].
  • Le Syndicat des Enseignants de l’Unsa[20] rapporte l’appréciation positive d’une conseillère principale d’éducation ayant mis en œuvre cette pratique ;
  • Jacques Salomé propose de poser les bases d’un enseignement de la communication à l’école[21], comme une matière à part entière. En premier lieu, cela implique d’énoncer en début d’année scolaire, une charte de vie relationnelle aux parents et aux élèves qui indiquerait, en quelques points, quelles sont les règles d’hygiène relationnelle qui seraient mises en pratique dans cette classe. Lui-même indique qu’à certaines périodes, il reçoit une centaine de lettres par jour de parents et d’enseignants qui souhaiteraient s’engager dans cette voie et désirent une formation de base correspondante.
  • L’Académie de médecine française propose d’organiser dès l’école primaire et le collège une prévention contre les violences conjugales[22].

Dans l’enseignement primaire, certains professeurs cherchent à faire découvrir aux enfants qu’ils sont uniques et dignes d’être aimés en évoquant les dimensions de la personne humaine et les changements physiologiques et psychologiques liés à la puberté.

Ils s’efforcent par ailleurs de leur faire développer et favoriser :

• leurs compétences relationnelles ;

• la connaissance et la gestion des émotions ;

• les richesses de la relation à soi (estime de soi), aux autres (l’amitié) ;

• une approche positive de l’amour et de la sexualité ;

• un climat scolaire serein (bien-être et bien vivre ensemble, prévention violences, harcèlement) ;

• les bases d’un dialogue fécond.

En cours préparatoire et élémentaire (CP et CE1), la pédagogie proposée consiste à proposer des séances d’une heure sur différents thèmes, dontl’amitié, le respect de soi et des autres, la compréhension et l’apprivoisement des émotions, l’estime de soi, le mieux se connaître pour comprendre les autres, la communication non-violente, le corps, la pudeur et l’intimité…

En cours moyen (CM1 et CM2), la pédagogie proposée est constituée par :

  • une conférence auprès des parents ;
  • deux Interventions d’une heure et demie en demi-classe, garçons et filles séparés : pour évoquer, d’une part, d’où l’on vient pour mieux comprendre la vie et, d’autre part, comment se construit la personne, avec sa vie relationnelle (la famille, les amis), et le chemin pour s’aimer soi-même et aimer les autres ;
  • une intervention d’une heure, en classe entière, sur la prévention des abus sexuels ;
  • un bilan de fin d’intervention remis à chaque famille.

Une démarche voisine proposée par l’association « Com’ je t’aime »[23] est suivie par plus de 160 écoles, collèges, lycées et associations français pour susciter chez les enfants un regard d’admiration sur la sexualité et le langage du corps qui dit combien on s’aime. Puis, lorsqu’ils ont découvert cette beauté, la pédagogie explique aux enfants et aux jeunes comment respecter leur corps et celui des autres. En pratique, les intervenants de « Com’ je t’aime » s’adressent aux enfants en CM2 et aux jeunes ayant atteint l’âge et la maturité, et leur expliquent la finalité du corps sexué, invitant au respect. Ils proposent aux jeunes un chemin de maturation propice à la construction d’un amour, source de bonheur. Ils proposent aussi aux adultes, parents et éducateurs, des formations et des conférences pour leur donner les clefs d’un dialogue juste et respectueux, adapté à l’âge des enfants confrontés à un monde hyper-sexualisé, et bien souvent à la pornographie.


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[1] http://www.onisep.fr/Decouvrir-les-metiers/Des-metiers-par-secteur/Social/Les-formations-pour-exercer-dans-le-secteur-social

[2] Association Française des Centres de Consultation Conjugale ; CLER Amour et Famille ; Fédération Nationale Couples et Familles ; Fédération Nationale des Ecoles des Parents et des Educateurs (FNEPE) ;  Fédération Nationale Familles Rurales ; Institut des Sciences de la Famille, Université Catholique de Lyon.

[3] www.cerfopman.com

[4] http://www.ieccc.org/

[5] https://www.apmf.fr/

[6] http://www.anm-mediation.com/index.php/fr

[7] http://www.mediation-familiale-chretienne.org/ Parmi eux, Remercions en particulier Sabrina De Dinechin, Karine Mauguin Cf. Annuaire de l’association www.mediation-familiale-chretienne.org/annuaire-des-médiateurs

[8] Issu du CIMJ http://www.cimj.com/fr

[9] https://mediationfamiliale.info

[10] http://essonne-mediation.fr

[11] http://unesdoc.unesco.org/images/0026/002608/260840f.pdf

[12] http://eduscol.education.fr/pid23366/education-a-la-sexualite.html

[13] http://www.vivelessvt.com/college/la-transmission-de-la-vie-chez-lhomme/

[14] http://www.gov.pe.ca/photos/original/css_csbparentgf.pdf

[15] fr/etape/1_3_ans/developpement/fiche.aspx?doc=developpement-psychosexuel-sexualite-0-8-ans

[16] www.r2i-education-affective.fr/

[17] http://atcc-institut.fr/

[18] http://ecolepositive.fr/

[19] http://ecolepositive.fr/bases-de-communication-non-violente/

[20] Union Nationale des Syndicats Autonomes https://ecolededemain.wordpress.com/2017/10/03/la-communication-non-violente-quelle-mise-en-oeuvre-au-college/

[21] http://www.j-salome.com/l-ecole.html#ecole10

[22] https://www.santelog.com/actualites/violences-conjugales-prevenir-des-lecole-primaire-conseille-lacademie-de-medecine

[23] https://www.comjetaime.com

7.3 Epilogue du chapitre 7

Chère Sylvie,

Lorsque nous nous sommes connus, j’étais un fonctionnaire sage et dévoué, sorti de ma Savoie natale pour monter à Paris travailler dans les ministères. Je n’irai pas jusqu’à m’appliquer les paroles de  Fernand Reynaud, « Il n’a pas eu de chance dans la vie, parce qu’il a réussi à tous ses examens, il est devenu inspecteur des impôts », car j’ai aimé ma carrière administrative, où j’ai donné le meilleur de moi-même et reçu beaucoup de patrons  et patronnes ainsi que de mes collègues.

Pourtant,  que penser de certains aspects de la société ?

  • Sous prétexte des lois du marché, on tolère que 1 %  de la population possède la moitié des richesses mondiales ;
  • Sous prétexte du respect des minorités, on change « le mariage pour tous », au lieu de faire droit aux seules demandes des homosexuels ;
  • Sous prétexte de liberté des femmes, on tue un milliards de bébés avortés, bien plus que l’holocauste des nazis ;
  • Sous prétexte de croissance, on est prêt à détruire la planète par le changement climatique.

Dès que j’en ai eu la possibilité, j’ai pris ma liberté en quittant l’administration et en prenant ma retraite malgré la perte de la moitié de mes revenus. L’idée était de compenser ce manque, en créant une entreprise de tendance et en m’impliquant dans des activités bénévoles conformes à mes valeurs.

Ce pari est gagné[1] et mon métier actuel me permet de  découvrir des trésors merveilleux de la société civile, tels que décrits dans ce livre, notamment en matière de développement personnel et de médiation.


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Source de l’image : https://alcibiade.skyrock.com/3283989626-Mariages-forces-une-realite-mondiale.html

[1] www.energeTIC.fr consacre 20 % de son activité au service des personnes défavorisées.

7.2. Bonnes pratiques françaises

Tous unis pour les familles

En France, avant la révolution de 1789, c’était essentiellement l’Église qui exerçait la tutelle des familles, en gérant l’état civil et accompagnant les personnes et les familles de la naissance à la mort, en gérant les unions et la parenté. Depuis lors, les mœurs ont profondément évolué en France et dans le monde

Depuis lors, l’Etat a pris le relais de l’Eglise pour l’état civil et l’Ined[1] indique que le pourcentage de personnes vivant en couple a peu évolué de 2006 à 2014 avec :

  • 56,38 % des femmes de plus de 15 ans vivant en couple en 2014, contre 57,33 % en 2006 ;
  • 61,97 % des hommes de plus de 15 ans vivant en couple en 2014, contre 62,95 % en 2006.

Sous réserve d’approfondir les chiffres, il semble que :

  • le taux plus faible de femmes vivant en couple provient de leur espérance de vie plus élevée, qui entraîne un plus grand nombre de veuves que de veufs ;
  • le statut des personnes vivant en couple a évolué, avec une baisse du mariage traditionnel et une augmentation des familles recomposées.

S’agissant du divorce, l’Etat en parle assez peu, considérant qu’il s’agit de la responsabilité individuelle, mais il s’octroie le rôle de défendre les enfants qui peuvent être mis en difficulté :

Les enfants de parents divorcés ont de 1.5 à 2 fois plus de risque de vivre des événements négatifs comme l’abandon précoce de l’école ou un divorce personnel. Cependant, la majorité des enfants qui ont vécu la séparation de leurs parents ne rencontrent pas ces difficultés […] Dans les débats portant sur la meilleure façon d’améliorer la vie des enfants, on propose fréquemment des initiatives qui se concentrent (a) soit sur les politiques culturelles  et légales permettant de renforcer le mariage (b) soit sur des programmes qui visent à fournir  des ressources économiques, sociales et psychologiques favorisant la qualité de vie des familles[2].

7.2.1. La politique familiale

En France, la politique de la famille s’est surtout développée à partir des années 30 et sous l’influence, successive ou concomitante, de quatre courants doctrinaux :

  • un courant familial, qui considère qu’il est de la responsabilité de l’État de défendre et de protéger la famille, entendue comme une institution essentielle à la structuration de la société et à la transmission des valeurs ;
  • un courant individualiste, pour lequel la famille est une entité de second plan, par rapport aux individus libres et égaux en droit qui la composent ;
  • un courant nataliste, où l’État, garant de la continuité de la Nation, doit veiller au renouvellement des générations ;
  • un courant social, qui privilégie la prise en compte des besoins sociaux et met l’accent sur la redistribution des revenus ;
  • …/…

Il en résulte une politique familiale principalement constituée d’aides financières concernant :

  • la protection de l’enfance, conformément à la convention des droits de l’enfant, signée à New York le 26 janvier 1990 ;
  • les actions de prévention en faveur de l’enfant et de ses parents.

Le cadre législatif, profondément modifié en 2002[3], a réuni dans le « Code de la Famille », dont voici quelques extraits des articles L111 et suivants[4] :

Art 111-1 Sous réserve des dispositions des articles L. 111-2 et L. 111-3, toute personne résidant en France bénéficie, si elle remplit les conditions légales d’attribution, des formes de l’aide sociale telles qu’elles sont définies par le présent code.

Art 111-2 Les personnes de nationalité étrangère bénéficient dans les conditions propres à chacune de ces prestations :

1° Des prestations d’aide sociale à l’enfance ;

2° De l’aide sociale en cas d’admission dans un centre d’hébergement et de réinsertion sociale ;

3° De l’aide médicale de l’Etat ;

4° Des allocations aux personnes âgées prévues à l’article L. 231-1 à condition qu’elles justifient d’une résidence ininterrompue en France métropolitaine depuis au moins quinze ans avant soixante-dix ans.

Elles bénéficient des autres formes d’aide sociale, à condition qu’elles justifient d’un titre exigé des personnes de nationalité étrangère pour séjourner régulièrement en France.

…/…

« Art. L. 116-1. – L’action sociale et médico-sociale tend à promouvoir, dans un cadre interministériel, l’autonomie et la protection des personnes, la cohésion sociale, l’exercice de la citoyenneté, à prévenir les exclusions et à en corriger les effets. Elle repose sur une évaluation continue des besoins et des attentes des membres de tous les groupes sociaux, en particulier des personnes handicapées et des personnes âgées, des personnes et des familles vulnérables, en situation de précarité ou de pauvreté, et sur la mise à leur disposition de prestations en espèces ou en nature. Elle est mise en œuvre par l’Etat, les collectivités territoriales et leurs établissements publics, les organismes de sécurité sociale, les associations ainsi que par les institutions sociales et médico-sociales au sens de l’article L. 311-1. »

La mise en œuvre de cette politique repose sur une série d’acteurs-clés présentés ci-après.

7.2.2. Les acteurs-clés

Au niveau national, le soutien à la parentalité est un des dispositifs d’aide aux familles mis en place par le ministère des Solidarités et de la Santé pour répondre au besoin que nombre de parents expriment d’être accompagnés dans de multiples domaines (santé, réussite scolaire, impact des ruptures familiales…). Il en résulte une stratégie nationale de soutien à la parentalité qui se décline :

  • nationalement dans une convention d’objectifs et de gestion (COG) négociée avec la CNAF, qui est la branche famille de la Sécurité sociale. localement par des schémas départementaux[5].
  • Localement par les directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) et les collectivités territoriales qui écrivent et adoptent des schémas d’organisation sociale et médico-sociale précisant les acteurs et leurs rôles respectifs.

S’agissant de la protection des enfants et des mères, l’Etat a en effet transféré ses compétences aux conseils départementaux qui ont mis en place d’une part les services de l’Aide Sociale à l’Enfance, (ASE) et d’autre part ceux de la Protection Maternelle et Infantile (PMI)[6]. Les conseils départementaux s’engagent aussi dans la prévention des violences conjugales et la mise en place du revenu de solidarité active (RSA).

Les autres collectivités territoriales (ex villes et communes) peuvent également initier des actions, dans le cadre de la compétence petite enfance, enfance et jeunesse, parentalité, en lien notamment avec les conseils départementaux et les caisses d’allocations familiales, dans le cadre d’un Contrat Territorial Global. Elles constituent notamment des lieux d’écoute des familles et organisent parfois des permanences de médiateurs familiaux. Parmi les actions menées par ces organismes, l’écoute des familles, la protection des enfants et des victimes de violences conjugales est au centre de leurs préoccupations, tandis que la perspective de favoriser le dialogue rompu ou difficile entre les conjoints peut entrer dans leur champ de compétence.

Outre les services administratifs, il existe en France près de 10 000 associations et dispositifs d’aide à la famille actives, souvent subventionnées par la société. En voici quelques exemples :

  • DLA[7] Le dispositif local d’accompagnement (DLA), permet aux associations relevant des secteurs social, médico-social et sanitaire de bénéficier d’accompagnements sur mesure afin de développer leurs activités, de les aider à se consolider et à créer ou pérenniser des emplois.
  • Fenamef[8] : Créée en 1991 à la  suite du 1er congrès européen de Médiation Familiale, la Fédération nationale de la médiation et des espaces familiaux (Fenamef) fédère plus de 500 lieux d’intervention, tels que des services de médiation familiale, espaces de rencontre et familiaux, centres de formation, ateliers de coparentalité, lieux de médiation intergénérationnelle, médiation familiale dans les situations de vieillissement, médiation scolaire… gérés par des associations, des C.A.F., des municipalités, des conseils généraux.
  • UDAF : Au niveau départemental, les Unions départementales des associations familiales (Udaf) sont des associations reconnues d’utilité publique financées par l’Etat en vue de donner leur avis aux pouvoirs publics sur les questions d’ordre familial ; leur proposer les mesures qui paraissent conformes aux intérêts matériels et moraux des familles ; représenter officiellement les familles auprès des pouvoirs publics et gérer tout « service d’intérêt familial » dont les pouvoirs publics estiment devoir lui confier la charge. Outre les missions institutionnelles, l’UDAF peut gérer des services d’intérêt familial, comme les établissements sociaux ou médico-sociaux (ESMS), des crèches et des haltes-garderies, la tutelle de personnes majeures ou mineures, des services de médiation familiale ou de soutien à la parentalité.
  • UNAF : Au plan national, l’Union nationale des associations familiales (Unaf), créée en 1945, représente auprès des pouvoirs publics les quelques 18 millions de familles vivant sur le territoire français. Pluraliste, elle regroupe 70 mouvements familiaux et 6 500 associations familiales d’une grande diversité. Elle anime notamment le réseau des UDAF et des URAF.
  • Uniopss : Créée en 1947, l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux est une association reconnue d’utilité publique, qui intervient auprès des organismes du secteur privé à but non lucratif de solidarité. Elle regroupe 20 000 structures privées à but non lucratif du secteur social, médico-social et sanitaire, à travers 21 unions régionales (URIOPSS) et 110 fédérations nationales thématiques. qui prodiguent des soins et accompagnent les personnes handicapées, âgées, exclues, les enfants et les familles.
  • URAF : Des Unions régionales des associations familiales (Uraf) mènent dans chaque région des missions de coordination, de représentation et de services aux familles. (Cf Unaf)
  • Uriopss : Unions régionales des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux. Cf Uniopss.

Quant aux associations familiales, elles sont trop nombreuses pour les évoquer toutes, aussi nous contenterons-nous d’en présenter quelques-unes dans un département de la région parisienne, à savoir l’Essonne.

L’UDAF Essonne[9] regroupant 64 associations familiales départementales propose divers services aux familles tels que :

  • Des services de médiation familiale[10] ;
  • des points-conseils budget[11], et des conseils budgétaires pour aider les familles à mieux gérer leur budget, avec l’appui de professionnels ;
  • l’information et le soutien aux tuteurs familiaux[12], aux adolescents, aux couples et aux familles.

En termes de communication, l’UDAF publie un site internet[13] qui délivre des messages pour ses membres et pour les bénéficiaires finaux que sont les familles. Les principaux thèmes évoqués sont le droit des familles, l’éducation, l’environnement, le logement, la santé. Le site de l’UDAF référence en outre des sites spécialisés comme le site Onsexprime.fr[14] de « Santé publique France », à propos de la sexualité des adolescents. Voici quelques exemples de messages délivrés :

  • « Toujours vierge / puceau ? A ton âge ? » Surtout ne pas se laisser déstabiliser par ce genre de remarque. Respirer un bon coup, et répondre aussi sec : « Oui, et alors ? C’est pas un 100 mètres, que je sache ? Il n’y a pas d’âge ou d’obligation pour le premier rapport sexuel. Alors 14, 19 ou 20 ans ? Aucune importance. Être vierge ça peut aussi être un choix. On peut ne pas être prêt-e pour des raisons personnelles, morales, religieuses… pour des raisons qui peuvent être momentanées ou plus durables. Cela peut être aussi parce qu’on n’a pas encore eu l’occasion, qu’on n’a pas rencontré la personne qui nous met en confiance. À chacun son rythme, à chacun ses désirs, ses attirances, ses rencontres …
  • « La meilleure contraception est celle qu’on choisit » : le message renvoie au site « choisir sa contraception »[15] déjà évoqué[16].

On n’y trouve pas de contributions particulières sur la stabilité de la famille[17] en dehors de la médiation familiale[18] qui est l’un des services proposés. Dans ce domaine, le site de Dinamic-médiation-familiale[19] communique sur les lieux de permanence de ses professionnels et relaye un message du ministère canadien de la justice « Mes parents se séparent. Qu’est-ce que ça veut dire pour moi ? [20]».

Outre ces différents types de communication dits froids, les associations familiales organisent une « communication chaude », sous la forme de conférences thématiques, dans lesquelles elles dialoguent avec les associations familiales et leurs membres, ainsi qu’avec les familles en direct.

7.2.3.        Médiation conjugale et familiale

Le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) placé auprès du Premier ministre a pour missions d’animer le débat public et d’apporter aux pouvoirs publics une expertise prospective et transversale sur les questions liées à la famille et à l’enfance, à l’avancée en âge, à l’adaptation de la société au vieillissement et à la bientraitance, dans une approche intergénérationnelle.  En 2016, il a conduit un travail important d’analyse sur le sujet des ruptures familiales[21], qui devrait être actualisé en 2019. Ce travail avait donné lieu à un colloque national sur le thème « Les ruptures familiales : affaire publique, affaire privée ?« , duquel avait résulté un ensemble de propositions[22] qui ont donné lieu à d’importantes évolutions, parmi lesquelles

  • la mise en place de nouvelles modalités pour le divorce par consentement mutuel, ne donnant plus lieu à examen par le juge ;
  • l’expérimentation de tentatives de médiation familiale préalable obligatoire (TMFPO) pour les litiges concernant l’exercice de l’autorité parentale et les pensions alimentaires ou CEEE[23] dans onze tribunaux de grande instance dont celui d’Evry en Essonne.

Conformément à la loi du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice au XXIème siècle, le juge aux affaires familiales peut, dans certaines conditions, imposer une « tentative de médiation familiale préalable obligatoire (TMFPO) ». Cette procédure vise à favoriser le rétablissement d’un dialogue entre les conjoints, essentiel pour le bien-être des enfants ou de l’un des conjoints.

L’initiative de la médiation familiale peut être prise :

  • par l’un des conjoints, qui s’adresse directement à un médiateur familial, voire au juge des affaires familiales (JAF) du tribunal de grande instance, afin qu’il désigne un médiateur familial ; 
  • par le juge aux affaires familiales (JAF), notamment dans le cadre de la tentative de médiation familiale préalable obligatoire (TMFPO) que l’article 7 de la loi du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice au XXIe siècle a instauré, à titre expérimental, dans une dizaine de départements français.

Le service correspondant de médiation familiale peut être subventionné par une caisse d’allocations familiales (CAF) qui prend alors en charge une part importante du coût de la médiation familiale. Dans ce cas, une simple participation au coût de la médiation est demandée aux personnes intéressées, sur la base du barème national de participation financière[24] :

Revenu mensuel netTarif de la séance par personnePlancher / plafond
inférieur au RSA de base2 €2 €
entre le RSA de base et le SMIC5 €5 €
entre le SMIC et 1 199 €5 € + 0,3% du revenu8 € / 9 €
entre 1 200 € et 2 199 €5 € + 0,8% du revenu15 € / 23 €
entre 2 200 € et 3 799 €5 € + 1,2% du revenu32 € / 51 €
entre  3 800 € et 5 299 €5 € + 1,5% du revenu62 € / 85 €
supérieur ou égal à 5 300 €5 € + 1,8% du revenu131 € au maximum

Dans la plupart des cas, la médiation familiale a pour but :

  • d’aider à clarifier la décision de séparation entre époux, partenaires pacsés ou concubins ;
  • d’organiser les conséquences de la séparation : résidence des parents et des enfants, exercice conjoint de l’autorité parentale, pension alimentaire ou CEEE, droit de visite…

Outre les questions de séparations et les divorces, la médiation familiale peut concerner d’autres domaines, tels que :

  • un dialogue détérioré dans le couple ;
  • la reprise des relations avec un enfant après une rupture ;
  • des conflits entre parents et jeune majeur au moment de sa prise d’autonomie ;
  • l’obligation alimentaire des parents à l’égard des enfants devenus majeurs, mais aussi à l’égard des ascendants (parents, grands-parents) ;
  • le droit de visite des grands-parents ;
  • des conflits au sein d’une fratrie, concernant par exemple la prise en charge d’un parent âgé ;
  • des problèmes de succession ;
  • une non présentation d’enfants ;
  • un abandon de famille…

En France, on recense environ 2 000 médiateurs familiaux rémunérés[25], même s’il n’existe pas encore de statut ni de grille de salaire officielle pour ce métier. La plupart des médiateurs familiaux en activité n’exercent en effet qu’à temps partiel et ont une autre activité professionnelle dans la même structure, ou pas.

Le médiateur familial est le plus souvent employé par le milieu associatif (école des parents et des éducateurs, union départementale des associations familiales, associations de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence, etc.). Plus rarement, il travaille pour des organismes publics (CAF, mairies, conseils généraux), et parfois, il est à son compte en complément d’une autre activité de psychologue ou autre. Enfin, il peut également pratiquer son activité en libéral, mais rares sont ceux qui parviennent à en vivre. Il intervient dans le domaine privé, c’est-à-dire qu’il gère essentiellement les conflits internes dans une famille (disputes autour d’une succession, séparation ou divorce, difficultés relationnelles…). Si le problème dépasse son champ d’intervention, il oriente ses clients vers un autre professionnel (psychologue, juriste…). Il est bien entendu tenu au secret professionnel. Il ne peut pas témoigner en justice.

Il dispose en général d’un diplôme d’État de médiateur familial (DEMF) qui peut être obtenu au terme d’une formation d’une durée de 4 mois après un diplôme de niveau bac+3 dans les domaines juridiques, psychologiques ou sociologiques.

Normalement, le médiateur doit être indépendant des parties et il doit décliner la médiation s’il n’est pas en posture de neutralité par rapport à elles. Certains auteurs pensent que la médiation est une affaire de vocation :

La médiation n’est pas une affaire des médiateurs
mais c’est une affaire de tout le monde[26].

D’autres pensent au contraire qu’une bonne médiation nécessite une formation adéquate, pour en faire un métier[27], susceptible d’intervenir dans différents domaines : médiateur familial, médiateur de rue, médiateur de la République et ses délégués, Défenseur des droits, etc…

D’autres, comme l’UDAF, proposent une première réunion gratuite, notamment lors des permanences en mairie, en maison du droit et de la justice ou au sein d’associations locales, et, lorsque le litige recouvre un conflit sérieux entre les conjoints ou les membres de la famille, ils proposent une médiation payante, éligibles à des aides publiques.

Ainsi, certaines personnes font de la médiation familiale leur profession accessoire ou principale, conformément à la fiche de métier correspondante[28] dont voici quelques extraits.

Quant-aux couples, ils peuvent juridiquement inclure une clause de médiation dans un contrat de mariage comme dans tout contrat. Voici un exemple de clause parmi d’autres possibles :

Tout litige prenant naissance dans le cadre du présent contrat de mariage fera l‘objet d’une médiation, avant toute procédure contentieuse. Chacun des époux s’engage à partager les frais de la médiation et à collaborer avec le médiateur en faisant preuve de bonne foi.

7.2.4.      Méthodes alternatives de résolution des conflits

Conformément à la loi du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice au XXIème siècle, le juge peut, dans certaines conditions, imposer une « tentative de médiation familiale préalable obligatoire (TMFPO) » avant un jugement de divorce. Cette procédure de médiation peut en effet être imposée par un juge aux affaires familiales, pour favoriser le rétablissement d’un dialogue entre les conjoints, qu’il considère comme essentiel pour le bien-être des enfants ou de l’un des conjoints.

L’initiative de la médiation familiale peut être prise :

  • par l’un des conjoints, qui s’adresse directement à un médiateur familial, voire au juge des affaires familiales (JAF) du tribunal de grande instance, afin qu’il désigne un médiateur familial ; 
  • par le juge aux affaires familiales (JAF), notamment dans le cadre de la tentative de médiation familiale préalable obligatoire (TMFPO) que l’article 7 de la loi du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice au XXIe siècle a instauré, à titre expérimental, dans une dizaine de départements français.

Le service correspondant de médiation familiale peut être subventionné par une caisse d’allocations familiales (CAF) qui prend alors en charge une part importante du coût de la médiation familiale. Dans ce cas, une simple participation au coût de la médiation est demandée aux personnes intéressées, sur la base du barème national de participation financière[29] :

Revenu mensuel netTarif de la séance par personnePlancher / plafond
inférieur au RSA de base2 €2 €
entre le RSA de base et le SMIC5 €5 €
entre le SMIC et 1 199 €5 € + 0,3% du revenu8 € / 9 €
entre 1 200 € et 2 199 €5 € + 0,8% du revenu15 € / 23 €
entre 2 200 € et 3 799 €5 € + 1,2% du revenu32 € / 51 €
entre  3 800 € et 5 299 €5 € + 1,5% du revenu62 € / 85 €
supérieur ou égal à 5 300 €5 € + 1,8% du revenu131 € au maximum

Dans la plupart des cas, la médiation familiale a pour but :

  • d’aider à clarifier la décision de séparation entre époux, partenaires pacsés ou concubins ;
  • d’organiser les conséquences de la séparation : résidence des parents et des enfants, exercice conjoint de l’autorité parentale, pension alimentaire ou CEEE, droit de visite…

Outre les questions de séparations et les divorces, la médiation familiale peut concerner d’autres domaines, tels que :

  • un dialogue détérioré dans le couple ;
  • la reprise des relations avec un enfant après une rupture ;
  • des conflits entre parents et jeune majeur au moment de sa prise d’autonomie ;
  • l’obligation alimentaire des parents à l’égard des enfants devenus majeurs, mais aussi à l’égard des ascendants (parents, grands-parents) ;
  • le droit de visite des grands-parents ;
  • des conflits au sein d’une fratrie, concernant par exemple la prise en charge d’un parent âgé ;
  • des problèmes de succession ;
  • une non présentation d’enfants ;
  • un abandon de famille…

Il existe diverses écoles de formation à la médiation en général et à la médiation familiale en particulier. Ces formations incluent nécessairement des travaux pratiques, car le savoir n’est qu’une partie du sujet, le savoir-faire et le savoir être constituant deux autres composantes essentielles de la formation.

Parmi les organismes de formation initiale et continue, on citera en particulier :

  • les formations spécifiques à la médiation, comme celles de l’Institut de formation à la médiation et à la négociation (IFOMENE) en France, et son homologue africain, le centre de recherche, de formation professionnelle à la médiation à l’arbitrage et à la négociation (CERFOPMAN[30]), basé en Côte d’Ivoire, avec des projets d’antennes dans de nombreux pays africains.
  • les formations dans des domaines connexes, comme la conduite du changement ou la gestion des conflits, par exemple à l’ATCC [31].
  • Les formations spécifiques à la médiation familiale, permettant notamment d’obtenir le diplôme universitaire correspondant.

Une fois formés, les médiateurs sont habituellement tenus à une formation continue, pour rester informés des nouveautés et faire contrôler régulièrement leur travail, grâce à des exercices de retour de pratique, qui se déroulent le plus souvent entre pairs au sein d’associations professionnelles de médiateurs. Voici quelques-unes des associations professionnelles :

  • Association pour la médiation familiale (APMF) [32] ;
  • Association française nationale de médiation (ANM)[33]
  • Association des médiateurs familiaux chrétiens (AMFC)[34],
  • Associations nationales de médiation, par exemple suisse, belge, canadienne, etc.
  • Conseil International de la Médiation (CIM)[35],
  • …/…

Article suivant : Épilogue du chapitre 7
Table des matières  ///   Écrire l’auteur    

[1] https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/france/
couples-menages-familles/couples_menages_familles/

[2] Hetherington EM, Kelly J. For better or for worse: Divorce reconsidered. New York: W.W. Norton; 2002.

[3] loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale

[4] https://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=
LEGITEXT000006074069

[5] https://solidarites-sante.gouv.fr/archives/famille-enfance/dispositifs-d-aides-aux-familles/article/soutien-a-la-parentalite

[6] https://www.pasdecalais.fr/Solidarite-Sante/Reglement-Departemental-d-Aide-Sociale/La-politique-departementale-en-faveur-de-l-enfance-et-de-la-famille

[7] https://www.info-dla.fr/presentation/dla/

[8] http://www.fenamef.asso.fr/

[9] http://www.udaf91.fr/

[10] www.udaf91.fr/services/services-aux-familles/mediation-familiale.html

[11] www.udaf91.fr/services/services-aux-familles/point-conseil-budget.html

[12] http://www.udaf91.fr/services/istf-information-et-soutien-aux-tuteurs-familiaux/489-nouveau-service-information-et-de-soutien-aux-tuteurs-familiaux-istf.html

[13] www.udaf91.fr

[14] www.onsexprime.fr

[15] https://www.choisirsacontraception.fr//

[16] Il existe plusieurs types de méthodes naturelles de régulation des naissances. Le site choisir sa contraception a fait le choix d’en présenter seulement deux alors qu’il présente 14 méthodes différentes de contraception artificielle.

[17] La société civile considère le divorce comme un droit de la personne et elle n’a pas de politique spécifique pour le prévenir.

[18] http://www.udaf91.fr/services/services-aux-familles/mediation-familiale.html

[19] http://mediationfamiliale.info  

[20] https://www.mediationfamiliale.info/app/download/25251684/
Mes+parents+se+s%C3%A9parent+ou+divorcent.pdf

[21] www.hcfea.fr/IMG/pdf/Programme_HCFEA_2019_v10_janv-3.pdf

[22] http://www.hcfea.fr/IMG/pdf/0_Resume_Seance_du_HCF_
du_12_mai_9_juin_2016_Ruptures_v14_juin_VF.pdf

[23] On l’appelle aujourd’hui : contribution à l’éducation et à l’entretien de l’enfant (CEEE)

[24] http://www.droitissimo.com/chiffres-utiles/bareme-national-participation-financiere-applicable-tous-services-mediation-familiale-conventionnes

[25] A comparer aux quelques 2 500 conciliateurs de justice bénévoles.

[26] Jean-François Six et Véronique Mussaud, La médiation, Paris 2002, Seuil.

[27] Fiche métier sur https://www.fichemetier.fr/metiers/mediateur-familial

[28] http://etudiant.aujourdhui.fr/etudiant/metiers/fiche-metier/mediateur-familial.html

[29] http://www.droitissimo.com/chiffres-utiles/bareme-national-participation-financiere-applicable-tous-services-mediation-familiale-conventionnes

[30] www.cerfopman.com

[31] http://www.ieccc.org/

[32] https://www.apmf.fr/

[33] http://www.anm-mediation.com/index.php/fr

[34] http://www.mediation-familiale-chretienne.org/ Parmi eux, Remercions en particulier Sabrina De Dinechin, Karine Mauguin Cf. Annuaire de l’association www.mediation-familiale-chretienne.org/annuaire-des-médiateurs

[35] Issu du CIMJ http://www.cimj.com/fr

7.1 Bonnes pratiques internationales

Dans les sociétés dites développées, les conjoints font intervenir des avocats[1] et des juges aux affaires familiales pour « mener à bien » une procédure judiciaire aboutissant à une séparation (séparation de corps, divorce pour faute, divorce pour altération définitive du lien conjugal, divorce par consentement mutuel),  puis éventuellement une autre procédure pour faire respecter les obligations de pension alimentaire (CEEE), de garde alternée ou autre.

Au plan international plusieurs instances des Nations unies se penchent sur la famille et notamment :

  • la division de la population pour la fécondité et planification familiale à l’ONU ;
  • l’UNICEF pour la protection des enfants ;
  • la FAO pour l’agriculture familiale ;
  • l’UNESCO pour l’éducation ;
  • etc.

Avant d’aborder plus en détail le cas de la France évoquons des pays qui ont  une vision du conseil et la médiation conjugale et familiale.

Au Québec, le Ministère de la justice offre un service de médiation familiale. Il permet à des couples de bénéficier gratuitement d’un certain nombre d’heures en médiation familiale. Celui qui a reçu une formation de médiateur du ministère a le titre de médiateur accrédité.

En Afrique et dans les sociétés traditionnelles, le mariage coutumier a une importance considérable pour la cohésion des couples. Il s’agit schématiquement d’une institution qui permet l’union de deux personnes et de deux familles. Sur le plan juridique, seul le mariage civil a une valeur légale. Mais le mariage traditionnel encore appelé mariage coutumier reste une étape importante durant laquelle se déroule la cérémonie de la dot.

De nombreux travaux ont été publiés sur le sujet, parmi lesquels des travaux universitaires comme la thèse de sociologie de Mlle Cornélia Bounang Mfounguē[2], et de nombreuses thèses de droit ou de sociologie.

Dans les sociétés traditionnelles et notamment en Afrique, le mariage coutumier est une étape fondamentale qui subit quelques variantes selon les ethnies. En Afrique de l’Ouest, chez les Mossi, le mariage fait l’objet de plusieurs étapes, encore en vigueur en 2020 :

  • Lors du « Co-co-co », le futur marié vient offrir des boissons pour prévenir la famille de la future mariée qu’il a l’intention de sortir avec elle ;
  • Plus tard, il vient se mettre d’accord avec cette famille pour le montant et les modalités de la dot, ce qui peut nécessiter des négociations plus ou moins longues, en une ou plusieurs fois ;
  • C’est alors qu’intervient le mariage coutumier où la femme quitte sa famille pour rejoindre celle du mari ;
  • Le même jour ou plus tard, voire beaucoup plus tard ou jamais,  se tiennent les mariages civils et religieux

Voici un exemple de cérémonie de mariage coutumier effectuée à Abidjan dans la simplicité entre un Européen Francis, et une Africaine Christiane :

On offre de l’eau et l’on attend que tout le monde ait bu.

Un neveu burkinabè de Christiane demande les nouvelles.

Une amie ivoirienne de Francis : tout est grâce, Francis a trouvé une belle fleur et nous sommes là pour eux.

Le neveu : les anciens ont fait connaître leur accord pour le mariage de Christiane et Francis

Une amie ivoirienne de Francis : La maman de Francis m’a appelée, elle ne peut pas venir, et je suis venue à sa place. Nous disons merci. J’ai porté tout en prière, l’avis des vieux est une grande grâce. On va encore tailler notre prière pour qu’elle soit plus belle et que les deux s’entendent.

Un oncle de Christiane : les jeunes n’ont qu’à bien s’entendre. L’entente est le principal

L’amie ivoirienne : chez les Akans, les parents parlent

L’oncle : chez les Mossis, les parents ne parlent pas, ce sont les oncles et les neveux qui interviennent

Le neveu : montre une enveloppe. On a reçu la dot. Elle servira pour les anciens au Burkina qu’ils apprêtent une chèvre et fassent la fête et aussi un peu pour ici. Ils sont d’accord. Aujourd’hui, c’est la dot. Maintenant, c’est sa femme.

Une autre amie ivoirienne de François : nous allons donner des conseils à notre fils, vous allez donner des conseils à votre fille. Dans le mariage on doit faire beaucoup de concessions, c’est comme ça. S’il y a problème il faut venir et si c’est urgent, on s’appelle, je monte dans voiture pour écouter. Plus vite on éteint le feu, mieux c’est. Il faut prévenir car c’est parfois difficile.

Des messagers vont vers les tables voisines annoncer que le mariage coutumier est fait

Tous applaudissent à la bonne nouvelle et la famille vient féliciter les mariés

Une fois mariés, le conseil de famille ou le conseil du village se réunit pour régler les questions importantes. Ainsi la palabre africaine est utilisée depuis des temps immémoriaux pour rétablir l’harmonie dans une communauté, indépendamment de savoir qui a raison ou tort.

En dehors de l’Afrique, les sociétés traditionnelles ont de multiples secrets contribuant à souder les couples. Ainsi, Ailleurs, les traditions sont multiples et variées comme le décrivent notamment les rites de mariage :

  • en Inde, la culture veut qu’une fois  la femme mariée, celle-ci ne revient pas en arrière en retournant  « chez sa mère ».
  • en Chine, une coutume ancestrale veut que la mariée soit séparée de son mari pendant les trois mois qui suivent les noces. Elle offre alors un sacrifice végétal aux ancêtres de son mari et entre ainsi dans leur famille[3].
  • Au Vietnam, chez les Muong, lorsque les parents de la mariée n’approuvent pas un mariage d’amour, le futur conjoint vient enlever la mariée en laissant une trace de sa visite. Le lendemain matin, il retourne dans la belle-famille apporter des présents pour faire amende honorable[4].
  • En Ukraine, la famille de la mariée donne sa bénédiction à l’homme qui demande la main de leur fille.
  • En Allemagne, la tradition appelée « Baumstamm Sägen », consiste à ce que les époux coupent un gros tronc d’arbre en deux à l’aide d’une scie, pour signifier le travail d’équipe et la capacité à surmonter les difficultés pendant le mariage.
  • En Écosse, une tradition veut que l’on recouvre le couple de plumes, de poissons, de farine et même de terre, et qu’on leur fasse traverser le village. Ainsi, les conjoints apprennent à se soutenir l’un l’autre.
  • Dans la culture tzigane, l’ajuntamiento ou « test du mouchoir », consiste à vérifier la pureté de la mariée le jour même du mariage.

Avant d’aborder les sociétés religieuses, au chapitre huit, évoquons maintenant les bonnes pratiques de la société française.


Article suivant : 7.2.Bonnes pratiques françaises
Table des matières  ///   Écrire l’auteur    

[1] Il y aurait, en France plus de 50 000 avocats, soient près d’un pour 1000 habitants, dont la majorité sont des femmes. Parmi eux, certains gagnent bien leur vie, tandis que d’autres ont du mal à trouver suffisamment de clients pour vivre de leur métier. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles une part croissante des avocats se forme à la médiation, pour ne pas laisser échapper à d’autres le marché correspondant.

[2] https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00735563/document

[3] https://www.chineancienne.fr/d%C3%A9but-20e-s/granet-coutumes-matrimoniales-de-la-chine-antique/

[4] https://lecourrier.vn/des-coutumes-matrimoniales-insolites/457399.html

Ch 7 Secrets des sociétés civiles

Scène d’un mariage coutumier

Dans les sociétés traditionnelles, l’échange entre générations se situait dans le cadre familial avec l’aide de la famille élargie, aux voisins et au village. Avec les guerres, la mécanisation et la société industrielle, l’Etat a pris en partie le relais des structures de voisinage, en mettant en place des politiques familiales.

Toutes les Etats n’ont pas nécessairement le même projet de société, ni la même vision du rôle de la famille. Celles-ci diffèrent en effet profondément d’une région à une autre, d’une culture à une autre, d’une époque à une autre, comme en témoignent par exemple :

  • le modèle de la famille à enfant unique expérimenté au XXème siècle en Chine ;
  • le modèle de la famille nucléaire qui demeure largement en vigueur en Occident ;
  • le modèle de famille recomposée qui tend à se répandre en occident ;
  • le modèle de famille élargie, qui reste très présent en Afrique.

De même, les politiques familiales différent selon les lieux et les temps, avec :

  • des politiques natalistes comme ce fut le cas en Europe au 20ème siècle, ou antinatalistes comme c’est parfois le cas dans les organisations internationales ;
  • des politiques conservatrices des valeurs ancestrales de la société, comme le proposent généralement les religions, ou progressistes, considérant que tous les modèles se valent.

Ainsi, en Afrique, tout chef de village, de quartier ou de clan, tout père de famille, patron, curé, directeur d’entreprise, leader syndical ou politique, intervenait pour protéger sa communauté et ses membres, et notamment les familles, en essayant de concilier les besoins individuels et l’intérêt collectif, dont la confrontation entraîne immanquablement des tensions et des conflits.

Il faut tout un village pour éduquer un enfant[1].

En Europe, la société est caractérisée par des situations plus complexes, avec un partage croissant des pouvoirs, impliquant des personnes mieux formées et plus indépendantes, et donc un savoir mieux partagé et réparti. En conséquence, l’autorité du chef de la famille et de la communauté est moins reconnue. De même, les familles élargies sont moins présentes, si bien que les couples et les familles « mononucléaires » sont plus isolés.

Examinons maintenant les bonnes pratiques des Etats et des sociétés civiles,  avec un premier regard international puis une analyse détaillée sur le cas français.


Articles suivants :
7.1 Bonnes pratiques internationales
7.2. Bonnes pratiques françaises
7.3 Epilogue du chapitre 7
Table des matières  ///   Écrire l’auteur    

[1] Proverbe africain

Protégé : Ernest_1928-2020

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6.6. Secrets des conseils conjugaux et familiaux

source = www.fichemetier.fr/conseiller-conjugal-familial

Lorsqu’un coach se spécialise sur la famille, on l’appelle plutôt « coach de vie » ou « Conseiller conjugal et familial », et si un médiateur se spécialise dans les conflits familiaux, on l’appelle alors médiateur familial.

Le conseiller conjugal et familial aide les personnes en difficulté dans leur vie relationnelle affective, conjugale et familiale. Sa profession est décrite dans une fiche-métier[1], qui a inspiré la présente section.

En France, les conseillers conjugaux et familiaux travaillent en général dans les centres de planification ou d’éducation familiale (CPEF) ; en milieu hospitalier, dans les services de Protection maternelle et infantile (PMI), dans les établissements d’information, de consultation et de conseil familial (EICCF) ; dans les centres de prévention de la maltraitance, des centres d’écoute téléphonique, des centres sociaux dépendant d’associations dont les activités sont centrées sur le soutien à la famille. La plupart d’entre eux sont salariés, vacataires à temps partiel, avec des salaires relativement bas.

D’autres exercent en libéral, à domicile ou dans un cabinet privé, mais il n’y a pas toujours assez de demande pour leur permettre d’exercer leur métier à temps plein, si bien que la plupart d’entre eux pratiquent en parallèle une autre activité dans le domaine médico-social. Pour se faire connaître, ils assurent parfois des permanences dans les maisons de la justice et du droit, les centres sociaux, les mairies, les associations.

Ces professionnels peuvent aussi animer des ateliers de sensibilisation auprès de groupes d’adultes ou d’adolescents sur le thème de la sexualité, de la contraception, des violences. Il existe actuellement en France environ 2000 personnes formées à cette profession, dont une part est membre de l’Association française des conseillers conjugaux et familiaux (ANCCEF)[2].

Concrètement, le conseiller conjugal et familial s’efforce d’écouter chacun avec empathie, quel que soit son sexe ou son orientation sexuelle, pour l’aider à prendre du recul par rapport aux difficultés rencontrées et l’écouter en période de doute ou de conflit, sans apporter de solutions toutes faites, et sans imposer de décision. Il aide à renouer le dialogue dans le couple et, si nécessaire, à prendre des décisions avec plus de sérénité et de lucidité. Il peut aussi venir en aide à des personnes célibataires, afin de les accompagner dans leurs difficultés relationnelles. Il rencontre des adolescents, au cours d’interventions sur les thèmes de la sexualité, la contraception, la violence. Il travaille en lien avec d’autres intervenants (psychologues, médiateurs familiaux, travailleurs sociaux.). Il est tenu au secret professionnel.

Pour être conseiller conjugal, il est nécessaire d’avoir du tact, de la discrétion et de l’empathie, car des sujets délicats et intimes peuvent être abordés. Le conseiller conjugal doit donc savoir instaurer un climat de confiance, qui libérera la parole. Il doit aussi être capable de gérer des situations difficiles : il peut être confronté à des conflits violents. Enfin, il doit avoir de l’empathie et un grand sens de l’observation.

Le travail du conseiller conjugal et familial pour une personne ou une  famille donnée ne s’effectue pas en général sur le long terme. Il doit avoir un recul suffisant par rapport à sa propre situation pour rester non-jugeant, comme doivent le faire les professionnels du secteur social et médico-social. S’il l’estime nécessaire, il peut orienter vers un professionnel d’une autre discipline avec qui il travaille en réseau : médecins, psychologues, travailleurs sociaux, sexologues, médiateurs familiaux, notamment dans le cas de la mise en place concrète d’une décision de séparation.

Suivant leurs spécificités, les conseillers et médiateurs conjugaux peuvent être membres d’associations telles que, pour la France :

  • ADTCCF Association pour le développement des thérapies comportementales des couples et des familles[3]
  • A.F.C.C.C. (Association Française de Centres de Conseil Conjugal)[4].
  • ANCCEF (Association nationale des conseillers conjugaux et familiaux)[5]
  • FENAMEF Fédération nationale de la Médiation et des Espaces Familiaux[6]
  • APMF Association pour la promotion de la médiation familiale

Pour devenir conseiller conjugal et familial en France, il faut suivre une formation qualifiante de 2 à 3 ans dispensée par des organismes de formation agréés par l’Etat (Ministère des Affaires Sociales), à savoir :

  • Association Française des Centres de Consultation Conjugale ;
  • CLER Amour et Famille ;
  • Fédération Nationale Couples et Familles ;
  • Fédération Nationale des Ecoles des Parents et des Educateurs (FNEPE) ;
  •  Fédération Nationale Familles Rurales ;
  • Institut des Sciences de la Famille, Université Catholique de Lyon ;

Ces formations sont accessibles aux titulaires d’un BAC + 2 dans les domaines psycho, sanitaire (infirmier), socio-éducatif (éducateur), ou juridique. Elles permettent d’obtenir une « attestation de qualification de conseil conjugal et familial ».

Les conseillers conjugaux peuvent s’orienter vers la médiation familiale qui met en œuvre des techniques de négociation et de gestion des conflits :

La médiation familiale est un processus de résolution des conflits familiaux dans lesquels les membres d’une famille demandent ou acceptent l’intervention confidentielle d’une personne tierce neutre et qualifiée, appelée médiateur.

Une formation spécifique peut leur permettre d’obtenir le diplôme d’Etat de médiateur familial (DEMF) ;

Sans être conseiller conjugal, il est également possible de se former à la médiation tant en  formation initiale que continue, on citera en particulier :

  • les formations spécifiques à la médiation, comme celles de l’Institut de formation à la médiation et à la négociation (IFOMENE) en France, et son homologue africain, le centre de recherche, de formation professionnelle à la médiation à l’arbitrage et à la négociation (CERFOPMAN[7]), basé en Côte d’Ivoire, avec des projets d’antennes dans de nombreux pays africains.
  • les formations dans des domaines connexes, comme la conduite du changement ou la gestion des conflits, par exemple à l’ATCC [8].
  • Les formations spécifiques à la médiation familiale, permettant notamment d’obtenir le diplôme universitaire correspondant.

Une fois formés, les médiateurs sont habituellement tenus à une formation continue, pour rester informés des nouveautés et faire contrôler régulièrement leur travail, grâce à des exercices de retour de pratique, qui se déroulent le plus souvent entre pairs au sein d’associations professionnelles de médiateurs. Voici quelques-unes des associations professionnelles :

  • Association pour la médiation familiale (APMF) [9] ;
  • Association française nationale de médiation (ANM)[10]
  • Association des médiateurs familiaux chrétiens (AMFC)[11],
  • Associations nationales de médiation, par exemple suisse, belge, canadienne, etc.
  • Conseil International de la Médiation (CIM)[12],
  • …/…

Article suivant : Secrets des éducateurs et formateurs
Table des matières  ///   Écrire l’auteur      

[1] http://etudiant.aujourdhui.fr/etudiant/metiers/fiche-metier/conseiller-conjugal.html

[2] www.anccef.fr/

[3] www.adtccf.org

[4] https://www.afccc.fr/

[5] https://www.anccef.fr/

[6] http://www.fenamef.asso.fr/mediation-familiale/definition-et-historique

[7] www.cerfopman.com

[8] http://www.ieccc.org/

[9] https://www.apmf.fr/

[10] http://www.anm-mediation.com/index.php/fr

[11] http://www.mediation-familiale-chretienne.org/ Parmi eux, Remercions en particulier Sabrina De Dinechin, Karine Mauguin Cf. Annuaire de l’association www.mediation-familiale-chretienne.org/annuaire-des-médiateurs

[12] Issu du CIMJ http://www.cimj.com/fr

6.5. Secrets des médiateurs

Source = http://initiadroit.com/

Dans le troisième exemple ci-dessus, la personne accompagnée n’a pas été confrontée à son adversaire mais elle aurait souhaité le faire.

Dans bien des cas, et notamment dans les couples en difficulté, il est possible d’aider les conjoints à renouer un dialogue constructif, avec l’aide de médiateurs dont c’est le métier.

Dans les sociétés traditionnelles et notamment en Afrique, le chef de famille ou de village réunit son conseil pour régler les questions importantes, avec un rôle intermédiaire entre celui de médiateur et d’arbitre. Ainsi la palabre africaine est utilisée depuis des temps immémoriaux pour rétablir l’harmonie dans une communauté, indépendamment de savoir qui a raison ou tort.

6.5.1. Le cheminement vers la médiation

L’entrée en médiation nécessite en général un chemin de mûrissement car les deux conjoints ont l’impression qu’ils ont déjà tout essayé en vain pour se comprendre.

La médiation peut être conseillée par l’avocat avant, pendant ou après le divorce. Elle peut également être  imposée par le juge dans le cadre de ce que l’on appelle médiation judiciaire, ou décidées librement par les parties dans ce que l’on appelle médiation conventionnelle.

Une  médiation ne peut en effet démarrer que si les deux parties sont d’accord sur le principe d’une médiation, en acceptant de dialoguer avec l’autre, en présence d’un médiateur, avec un vrai désir de rechercher une solution, en acceptant les conditions éventuelles de rémunération du médiateur.

L’acceptation des conditions de la médiation nécessite parfois du temps, comme on peut le voir dans l’histoire ci-dessous, où la médiation entre les parents est proposée par leurs enfants.

  1. Deux époux sont séparés, leurs deux filles adolescentes sont à la garde de la mère et le père ne paye pas la pension alimentaire (CEEE) à temps ;
  2. Les deux filles souhaitent faire des études et demandent de l’aide au père qui refuse, estimant qu’elles n’ont qu’à faire un emprunt ;
  3. Les filles sont fâchées, la mère veut faire un procès, le père tombe malade ;
  4. Les filles sont tristes de cette situation et vont voir l’avocat de la mère qui propose une médiation ;
  5. La mère et le père acceptent la médiation.

6.5.2.      Le déroulement d’une médiation

Comme tout échange, le processus de médiation suit une « boucle de contact », avec un temps de préparation, un temps d’accueil, un temps de dialogue au cœur du sujet, puis un temps de conclusion et un temps de désengagement.

Le temps de préparation est souvent constitué d’entretiens séparés entre le médiateur et chacune des parties,

  • pour préciser l’objectif, à savoir qu’il ne s’agit pas de savoir qui a tort ou raison, mais d’aider à trouver une solution,
  • pour rassurer les parties sur la capacité du médiateur à poser un cadre d’intervention rassurant,
  • pour préciser les conditions de la médiation en ce qui concerne le lieu (généralement neutre), les entretiens préalables (en général un avec chaque partie), la durée (ex une séance d’une à deux heures), l’évolution (d’autres séances peuvent être programmées) et le coût. 

Avant la médiation, les deux parties ayant décidé de recourir à un médiateur, en arrêtent généralement les modalités d’un commun accord, de manière à aboutir à un contrat de médiation liant le médiateur et les parties. Bien qu’il puisse être parfois informel, le contrat de médiation est en général structuré autour des articles ci-après[1] :

  • l’objet : Les parties entament une médiation pour résoudre leur différend concernant …/…
  • le médiateur : les parties mandatent …/… comme médiateur, pour les aider dans la recherche d’une issue amiable à leur différend dans un climat serein, sans proposer de solution aux parties. …/…
  • Règles applicables en médiation : …/…
  • Rapport avec les procédures judiciaires : …/…
  • Confidentialité : …/…
  • Rémunération du médiateur : …/…
  • Noms, coordonnées et signatures des parties et du médiateur

Une fois le contrat signé ou du moins, décidé, la première réunion de médiation commune entre les parties débute par un rituel que Jacques Saltzer[2] évoque avec l’acrostiche PORTE :

  • P. Présentation : les parties arrivent en général sous le coup de l’émotion et le médiateur va s’efforcer de leur donner confiance en présentant calmement le processus, en les assurant qu’ils auront pleinement la possibilité de s’exprimer, et ce, dans un espace protégé.
  • O. Objectifs : il s’agit de rappeler l’objectif aux parties, à savoir qu’elles puissent trouver elles-mêmes une solution au conflit qui les oppose, dans un cadre sécurisé, avec une méthode éprouvée, plus rapide, moins chère et moins aléatoire qu’une décision de justice.
  • R. Règles : les réunions de médiation se font dans la plus stricte confidentialité. Chaque partie peut demander un entretien séparé, sachant qu’un autre est alors accordé à l’autre partie si elle le désire. Chacun est libre d’arrêter la médiation s‘il le souhaite. Les parties sont tenues d’écouter l’autre quand il s’exprime et chacun doit s’exprimer courtoisement.
  • T. Temps : La durée de la médiation varie d’une journée à plusieurs mois[3].
  • E. Engagement : Après avoir répondu à des questions éventuelles, le médiateur invite les parties à s’engager sur les règles ci-dessus et, l’angoisse étant tombée grâce au cadre rassurant, la médiation proprement dite peut alors commencer.

L’accord étant donné sur le principe et la démarche, la médiation proprement dite se déroule en théorie selon quatre étapes décrites par « la roue de Fiutak ».

  1. Rappel des faits. Dans une première étape, le médiateur invite les parties à préciser les faits à l’origine du conflit. Il s’efforce ainsi de faire évoluer la situation d’un conflit de personnes (c’est de ta faute si…) à un conflit d’objets (nous sommes en désaccord sur tel ou tel point). Il parvient à ce but en modérant le dialogue pour que les parties abandonnent leurs jugements sur l’autre et parviennent à un exposé le plus objectif possible des faits. Il est possible que cet exposé soit partagé mais il est également fréquent que les deux parties donnent deux scénarios différents des événements, auquel cas, elles peuvent s’accorder sur les points de convergence et de divergence, ce qui est déjà un début d’accord.

Dans les deux heures d’une médiation familiale, toute une vie s’écoule, depuis la première rencontre du couple, la création de la famille, le rêve de bonheur détruit, les enfants écartelés entre les deux parents et la séparation qui a brisé le cœur de chacun[4].

  • Recherche des causes. La seconde étape consiste à comprendre pourquoi les faits ont entraîné un conflit et le conflit un litige. L’idée de base est que chaque personne a un comportement logique avec un minimum de désir du bien, et qu’il faut comprendre ce qui est important pour chacun.
  • Le temps de bascule : c’est le moment où chacune des parties perçoit sa part de responsabilité dans le conflit, ainsi que les besoins qui se cachent derrière les émotions et le ressenti de l’autre. Il passe alors du jugement de valeur sur l’autre à un minimum de compréhension, voire de compassion permettant d’envisager la recherche d’une solution.
  • Elaboration : c’est l’étape de la recherche de toutes solutions possibles sans tenter de les évaluer à ce stade.
  • Décision : c’est le temps du choix de la solution et de sa mise en forme.

Figure 30 : la roue de Fiutak[5]

La formation d’un médiateur vise le savoir-être plus que le savoir-faire et que le savoir tout court. En outre, les médiateurs maîtrisent les nombreux outils de communication interpersonnelle, tels qu’évoqués précédemment, car ils les ont appris et expérimentés en commun. La maîtrise d’eux-mêmes (savoir-être) et de ces outils (savoir-faire) fait la différence entre un médiateur débutant et un médiateur expérimenté.

6.5.3.     Exemples de médiations

La littérature présente un grand nombre de cas de médiations conjugales réussies dont voici quelques exemples :

Gilles va trouver un médiateur après la décision de sa compagne Julie de se séparer après 15 années de vie commune et la présence d’un enfant de 12 ans. Il veut faire un travail sur lui-même pour récupérer sa compagne. Julie, qui a pris sa décision, n’éprouve pas le besoin d‘une médiation, mais elle accepte pour aider Gilles à accepter sa décision. Au cours du travail, les deux conjoints expriment leur souffrance respective et éprouvent de la compassion l’un pour l’autre. Finalement Gilles accepte de faire un travail sur lui-même quelle que soit la décision de Julie[6].

Madame et Monsieur sont accueillis en médiation pénale suite à une plainte de Madame pour violence conjugale sur sa personne. Madame explique au médiateur que Monsieur a un problème d’alcoolisme depuis longtemps et bénéficie d’un suivi médical. La violence verbale de Monsieur à son égard est un phénomène récent qui a fini par se solder par une violence physique à l’occasion de problèmes financiers.

Elle dit avoir un rôle de gendarme et être le souffre-douleur de Monsieur en lieu et place de sa mère contre laquelle il nourrit un ressentiment qu’il n’arrive pas à exprimer. Il n’a plus de contact avec sa famille. Madame a peur de la violence de son époux et de ses conséquences, étant donné l’ostéoporose dont elle souffre. Elle exprime cependant que sa souffrance liée aux violences physiques n’est pas la plus importante : »Il est dur d’encaisser un coup mais les violences verbales sont pires. Je me sentais humiliée par les insultes. » Monsieur est d’accord avec la version de Madame et dit : « Madame est ma tête de turc par rapport à mes problèmes avec ma famille ». Tous deux témoignent par leurs attitudes d’un lien de tendresse et de respect mutuel. Au terme de la médiation, Monsieur est disposé à se faire accompagner psychologiquement. La plainte et la médiation ont permis la prise de conscience de la violence installée dans les relations conjugales, et cela, bien avant le passage à l’acte physique[7].

Jacqueline Morineau, une des pionnières de la médiation en France, donne aussi des exemples de médiation réussie là où la justice a échoué [8]:

  • avant la plainte : une grand-mère de 73 ans, qui avait un amant de 40 ans avait déposé une plainte contre sa fille qui lui avait fait des misères, après « tout ce qu’elle avait fait pour elle ». La mère lui en voulait parce qu’elle considérait la grand-mère comme « la honte de la famille ». Le petit-fils qui aimait à la fois sa mère et sa grand-mère vivait un confit de loyauté. La médiation aboutit au retrait de la plainte après que chacun ait pu s’exprimer, et que la mère ait constaté que l’amant avait largement entretenu la grand-mère, tandis qu’elle-même et son fils en avaient largement bénéficié.
  • entre la plainte et le jugement : une femme avait déposé plainte contre son frère de 18 ans son aîné, avec qui elle était en conflit depuis toujours. La médiation a réussi quand le frère et la sœur ont réalisé qu’aucun d’eux n’était responsable du fait que, 50 ans auparavant, leurs parents avaient écarté le frère de la maison, quand sa sœur était née, du fait d’un logement trop exigu.
  • Après un jugement de divorce : très souvent des époux divorcés continuent à se faire la guerre une fois le jugement prononcé et la médiation intervient quand la souffrance devient trop grande comme nous le verrons plus loin à propos du cheminement vers la médiation. En général, la médiation part commence à réussir quand la souffrance de chacun des deux ex conjoints a pu être exprimée et reconnue et qu’ils cessent de se polariser sur le passé pour regarder la souffrance actuelle de leurs enfants. Ils peuvent alors entamer un processus de reconstruction, en ayant une valeur commune, le bonheur de leurs enfants.
  • Pendant l’incarcération : un juge d’application des peines a sollicité une médiation pour un jeune maghrébin en fin d’incarcération pour tentative de meurtre sur son père, et que je luge sentait prêt à récidiver. Grâce à deux médiateurs dont un maghrébin, ainsi que la mère qui jouait un rôle apaisant, le père et le fils ont pu se parler et s’expliquer et des prises de conscience eurent lieu. Ainsi le père accepta que le fils vienne visiter sa mère à la maison familiale quand lui-même serait absent. La fin de la médiation fut très mouvante. La mère pris les médiateurs dans ses bras et le père les bénit au nom d’Allah.

En fin de comptes, choisir la médiation, c’est choisir la bienveillance, choisir l’efficacité, choisir la coopération pour n’être ni bourreau, ni victime, ni sauveur, agir dans le sens de l’autonomie et de la responsabilité, apprendre à vivre les conflits comme des étapes, choisir de coopérer malgré les différences et les différends, exercer notre pouvoir de création et d’action, tout en laissant sa place à l’autre[9].


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[1] http://www.mediation-oav.ch/images/uploaded/file/contrat_mediation.pdf

[2] Médiateur français, professeur de médiation et auteur de plusieurs ouvrages. http://promediation.org/fr/qui-sommes-nous/les-equipes-operationnelles/jacques-salzer

[3] En France la médiation judiciaire se déroule sur trois mois. Elle est renouvelable une fois.

[4] Jacqueline Morineau, L’esprit de la médiation.

[5] https://i1.wp.com/www.club-agile-caen.fr/wp-content/uploads/2017/06/roue-de-Fiutak.jpg

[6] http://www.mediation-familiale.com/pem/articles.php?lng=fr&pg=15

[7] http://www.choisirlamediation.fr/exemples/mediation-penale-a-caractere-familial

[8] Jacqueline Morineau, L’esprit de la médiation, p. 141 et sq.

[9] http://www.choisirlamediation.fr/

6.2. Secrets des avocats, des arbitres et des juges

source = http://www.misesoustutelle.com/juge-des-tutelles/

Si l’un des conjoints se sent victime de l’autre et s’il ne parvient pas à se faire entendre, sa tendance naturelle est d’aller chercher un tiers qui va lui donner raison contre l’autre.

Il s’adressera ainsi à un proche pour l’appeler à son secours, à un arbitre ou un juge pour qu’il lui donne raison ou, dans un premier temps, à un avocat qui va plaider sa cause auprès du juge, voire à un détective qui va recueillir des preuves contre son conjoint.

Distinguons en effet :

  1. l’arbitre, choisi d’un commun accord par les conjoints, pour élaborer un compromis qu’ils s’engagent d’avance à respecter ;
  2. le juge, qui impose une solution selon le droit.
  3. L’avocat qui n’a pas de pouvoir de décision mais qui, en préparation et au cours de toute procédure judiciaire, est investi, d’une double mission d’assistance juridique et de représentation vis-à-vis de ses clients.

Ainsi, dans les sociétés dites développées, les conjoints font souvent appel à des avocats[1] ou des juges aux affaires familiales pour « mener à bien » une procédure judiciaire aboutissant à une séparation (séparation de corps, divorce pour faute, divorce pour altération définitive du lien conjugal, divorce par consentement mutuel),  puis éventuellement une autre procédure pour faire respecter les obligations de pension alimentaire (CEEE), de garde alternée ou autre.

Cette manière de procéder résulte souvent d’une attitude guerrière, qui part du principe que l’on a raison, que l’autre a tort, et qu’un tiers va lui faire entendre raison. Nous verrons plus loin que cette situation ressemble fort au triangle dramatique de Karpman, ou le conflit continue longtemps sans s’apaiser véritablement. Il existe d’autres positions qui consistent à rechercher un accord, et/ou à faire un travail sur soi-même, pour mieux objectiver ce qui se passe, comprendre les parts de responsabilité respectives, et devenir moins dépendant de l’autre.

Pour comparer les deux approches, le philosophe Paul Ricoeur estime que l’intervention du juge est bien adaptée à la finalité courte de l’acte de juger, qui est de « trancher le litige » tandis que la médiation est mieux adaptée à sa finalité longue, qui est de « contribuer à la paix sociale », en traitant du conflit qui a engendré le litige.

Dans le même esprit, Béatrice Brenneur[2], présidente de GEMME France, la section française du groupement des magistrats médiateurs européens, considère que le recours au juge est souhaitable quand le rapport de forces est inégal, par exemple lors qu’une femme est battue, quitte à ce qu’une médiation ait lieu entre le dépôt de la procédure judiciaire et le jugement, sachant que la perspective d’une condamnation rétablit l’équilibre des forces, et donc un accord équilibré possible.

Si l’on ne parvient pas à s’entendre par la négociation et que l’on a choisi une autre voie que celle du procès contentieux, on fera alors appel à des professionnels de l’accompagnement, en commençant par les thérapies individuelles, qui visent principalement à aider une personne à retrouver sa pleine santé physique et morale, sans nécessairement s’intéresser à sa relation conjugale.


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[1] Il y aurait, en France plus de 50 000 avocats, soient près d’un pour 1000 habitants, dont la majorité sont des femmes. Parmi eux, certains gagnent bien leur vie, tandis que d’autres ont du mal à trouver suffisamment de clients pour vivre de leur métier. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles une part croissante des avocats se forme à la médiation, pour ne pas laisser échapper à d’autres le marché correspondant.

[2] Béatrice Brenneur, La médiation pour tous, Médias et participations,

6.4. Secrets des coaches

Souèrce = humanresourcesblog.in

Outre la thérapie, l’accompagnement personnalisé est pratiqué depuis des temps immémoriaux, avec des grands maîtres comme Socrate, dont le questionnement aidait les membres de l’Académie à réfléchir et à se prendre en main.

L’accompagnement psycho-spirituel[1] est un espace de confiance, confidentiel et sans jugement qui s’adresse à toutes personnes, athées, agnostiques ou de différentes religions qui ressentent le besoin de considérer leur existence autrement qu’uniquement au travers ce qu’elles peuvent voir ou toucher. C’est une invitation à prendre du recul et à s’ouvrir à une autre dimension, sans rite ou dogme religieux, mais à partir de ce qui questionne, blesse, déchire ou  intrigue. Dans les religions, l’accompagnement spirituel vise à accompagner un frère dans sa vie d’amitié et d’union avec Dieu lui-même.

Dans le monde « développé », l’accompagnement individuel est connu sous le nom de « coaching », qui prend la forme de séances répétées d’une à deux heures, autour d’un objectif précis comme par exemple : « comment rendre heureux mon conjoint ? », voire même « comment récupérer mon ex ?[2] ».

Comme pour les autres professions, il existe des écoles de coaching, avec leurs spécificités mais aussi avec des points communs que nous allons nous efforcer de présenter, à partir de notre pratique personnelle, et du livre de François Delivré « Le métier de coach[3] ».

Une des définitions du coaching  est « l’art d’aider une personne à trouver ses propres solutions », par rapport à un problème actuel. Il se distingue du conseil et de la formation qui donnent des points de repère, de la thérapie qui n’aborde pas de problème actuel.

Suivant sa formation et ses compétences, le coach d’une personne peut intervenir à plusieurs niveaux :

  • au niveau individuel, pour traiter des problèmes intrapsychiques, c’est-à-dire les problèmes intérieurs à la personne ;
  • au niveau relationnel, par exemple la relation avec un conjoint ;
  • au niveau d’une équipe ou d’une famille, pour traiter des difficultés de management dans une entreprise ou d’éducation des enfants ;
  • au niveau politique et social, avec le coaching de dirigeants,qui nécessite d’aborder sérieusement la structure et les règles des organisations, mais aussi au niveau de la famille élargie, par exemple à l’occasion d’un héritage.

Vis-à-vis de son client, le coach adopte une double posture :

  • posture basse, où il met ses compétences au service de son client, qui reste maître de ses décisions ;
  • posture haute sur le processus de coaching, où le coach précise au départ et rappelle en tant que de besoin les règles du coaching. Il adopte aussi une position haute quand il sort de la neutralité bienveillante, pour aider le client à dépasser ses résistances conscientes ou inconscientes.

Cette double posture est délicate car elle peut donner lieu à des dérives dont le client est en partie protégé par :

  • le code de déontologie du coaching[4] qui précise les obligations respectives du coach, du coaché et, le cas échéant de celui qui paye le coaching[5] ;
  • le contrat spécifique entre le coach et le client.

Lorsqu’il exerce son art, le coach fait appel à des compétences fondamentales que François Délivré regroupe en sept :

  1. L’analyse de la demande : En explorant le contexte, le problème, le besoin et la demande, le coach distingue ces quatre niveaux de réalité et il permet au client de formuler plus précisément sa demande.
  2. L’établissement d’un contrat : il fournit un cadre sécurisant au déroulement du coaching, et une référence en cas de difficultés ;
  3. Le diagnostic initial : il permet au coach de définir une stratégie d’intervention, en cernant la personnalité de son client, en repérant les croyances enfermantes, et en prévenant les jeux psychiques  qui risquent se jouer au cours du travail ;
  4. Le cadre de référence : il permet au coach d’objectiver le mode de fonctionnement de son client et le sien, pour répondre à chaque moment à la question de l’interventionnisme ou non, c’est-à-dire savoir s’il est plus profitable au client de poursuivre dans son mode de fonctionnement ou de s’en voir proposer un autre ;
  5. Le contenu, le processus et le sens : tout au long du travail, le coach exerce une triple écoute de ce que dit le client, de ce qu’il montre et de la manière dont cela résonne en lui. Il repère d’éventuels processus parallèles et s’efforce d’aider le client à trouver ou rétablir une harmonie interne en alignant le mieux possible ses comportements, ses capacités, ses croyances et ses valeurs et ses missions[6].
  • L’accompagnement au changement : le coach accompagne le client dans le deuil du passé et dans la construction du présent et du futur, en sachant distinguer si le changement désiré nécessite des évolutions successives ou une révolution profonde ;
  • L’invitation à l’autonomie : le coach sait repérer les jeux psychologiques qui balisent sa relation avec le client[7] et il sait lui donner les signes de reconnaissance, les permissions dont il a besoin, sans que ses propres besoins n’interfèrent dans l’évolution de son client.

Dans son travail quotidien, le coach pratique :

  • le questionnement et la reformulation, permettant d’extraire du contenu communiqué le sentiment inhérent aux paroles du client et de les lui communiquer sans les lui imposer ;
  • la métacommunication, c’est-à-dire communiquer sur la relation de coaching, en disant par exemple : « il me semble que nous tournons en rond »
  • l’expression des signes de reconnaissance positifs ou négatifs, conditionnels et inconditionnels ;
  •  les recadrages du point de vue, en montrant au client qu’il y a plusieurs façons de voir, du comportement, en soulignant ce qu’il y a d’intentions positives,  et du sens, en soulignant qu’il peut y avoir plusieurs significations, suppositions et interprétations d’un comportement donné ;
  • Les confrontations, pour s’opposer aux contradictions du client, de façon à ce qu’il puisse choisir d’évoluer ;
  • Les explicitations, en donnant des points de repère au client, pour l’éclairer sur un problème évoqué ;
  • Les interprétations, en formulant des hypothèses sur ce qui se passe, tout en laissant le client libre d’y adhérer ou pas ;
  • Les permissions et protections pour permettre au client de suivre son désir en dépassant sa peur, tout en l’avertissant des dangers à éviter ;
  • Le rire, qui permet de dédramatiser ;
  • Le silence, qui laisse le temps au client de faire son chemin pendant la séance ;
  • Les métaphores, qui permettent de sortir d’un problème trop douloureux ou trop sérieux en le ramenant à des proportions différentes « c’est comme si… »
  • La prescription du symptôme qui consiste en quelque-sorte à inoculer un vaccin au client, en l’invitant à faire consciemment ce qu’il ne peut pas s’empêcher de faire malgré lui.

Voici maintenant trois exemples d’accompagnement :

Personnellement, lorsque j’étais en formation, j’ai très souvent évoqué des situations de conflit, notamment avec mon épouse.  Chaque fois, le coach- formateur m’a invité à revivre la situation, dans un cadre sécurisé. Généralement, il jouait lui-même le rôle de l’opposant, en m’invitant à aller au bout de mes émotions de peur et de colère, de honte, de dégoût ou de surprise. Parfois-même il m’a demandé s’inverser les rôles, où c’est lui qui jouait mon rôle tandis que je devais vivre le rôle de ma compagne. Je puis vous assurer que, chaque fois, cette expérience m’a permis de voir la situation autrement et d’aborder ensuite ma compagne avec un état d’esprit différent.

Hans et Josy étaient séparés et la garde de l’enfant avait été confiée à Josy car Hans était toxicomane. Quand il revient en France, il voulut revoir son fils, mais l’avocate de Josy eut une attitude très vindicative avec des propos violents contre Hans. Grâce à un accompagnement, Hans répondit posément à l’avocat et il parvint à rester calme lors de l’audience, si bien que le juge accorda la garde alternée[8].

Une femme en colocation, s’est fait violer à Paris en 1978 par les trois « amis » de sa colocataire, venus à l’improviste. Ses agresseurs ont été punis de sept ans de réclusion elle a touché 36 500 F de dommages et intérêts, mais cela n’a rien changé à sa vie qui a été détruite. Elle s’est sentie à nouveau comme violée lors des interrogatoires et de la procédure qui ont duré deux ans. Elle vivait dans la peur de rencontrer ses agresseurs à qui elle aurait voulu montrer sa vie devenue un enfer, mais elle n’a pas pu leur parler. Pendant longtemps elle a recherché sa réhabilitation mais elle ne l’a pas trouvé dans la procédure judiciaire. Elle l’a trouvé enfin en se joignant au Centre de Médiation et de Formation à la médiation (CMFM)[9], où elle a découvert la possibilité de vider son sac d’émotions, de sentiments et de ressentiments, pour s’apaiser. Après des années de souffrance, elle a découvert combien il est nécessaire pour une personne blessée de pouvoir faire part de sa peine, de sa haine, son amour ses rancœurs, ses incompréhensions ses doutes, sa souffrance à la personne directement concernée. Elle a compris qu’il est tout aussi important d’entendre cette personne justifier ses actes en répondant la question : POURQUOI ? Elle a aussi compris que la réparation matérielle donnée par la justice était importante, mais seule une médiation avec ses violeurs aurait pu apporter la réparation morale[10].


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[1] https://www.accompagnement-spirituel.com/

[2] https://www.alexandrecormont.com/conseils/recuperer-son-ex-rapidement/

[3] François Delivré, Le métier de coach, 3ème édition, Eyrolles, 2019.

[4] Il en existe plusieurs dont celui de la SF Coach que j’utilise personnellement https://www.sfcoach.org/wp-content/uploads/2020/04/Code-D%C3%A9ontologie-M%C3%A0J-7-Avril-2020.pdf

[5] Dans le cas d’une personne en difficulté dans son couple, ce peut être un parent ou un proche qui offre le coaching à son enfant ou son ami.

[6] Cf niveaux logiques de Dilts.

[7] Il peut s’agir du phénomène classique de transfert et contre transfert.

[8] http://www.mediation-familiale.com/pem/articles.php?lng=fr&pg=15

[9] http://www.cmfm.fr/

[10] Jacqueline Morineau, l’esprit de la médiation.