Souvent, des personnes de bonne volonté s’efforcent de venir en aide à des familles en difficulté, et notamment les proches de ces personnes et de ces familles. L’effet plus ou moins bénéfique de leur intervention dépendra notamment de leur intention, de leur expérience et de leur posture.
Voici tout d’abord comment j’agissais avant d’être formé :
J’ai souvent rencontré en Afrique des hommes ou des femmes qui avaient été délaissées par leur conjoint, ou qui étaient en passe de l’être pour des raisons fallacieuses[1]. Sensible à leur souffrance, liée à leur apparente impuissance, je leur ai souvent conseillé de rechercher un tiers qui puisse avoir une certaine autorité sur leur conjoint, comme par exemple l’oncle ou le chef traditionnel, le curé, le pasteur ou l’imam, le président de l’association qu’ils fréquentent, etc. Ce faisant, le conjoint, dont la parole est niée, pourra être entendu, si son propos est relayé par un autre.
Dans d’autres cas, mon épouse et moi avons rencontré des hommes ou des femmes qui nous ont confié leurs difficultés de couple, et, dans ce cas, nous nous sommes efforcés de ne pas prendre parti, considérant que nous n’avions aucune légitimité pour le faire, mais que nous pouvons écouter avec empathie la souffrance de la personne, et donner éventuellement quelques points de repères sur des situations voisines que nous avons pu vivre, en précisant bien que chaque cas est différent.
Aujourd’hui, j’ai appris à distinguer huit postures distinctes en fonction du type de mandat reçu par l’accompagnant et par la posture qu’il adopte par rapport à eux.
Position basse | Position haute | |
Sans mandat | Parent, ami, collègue, inconnu, | Gourou, donneur de leçons, parent, ami, collègue… |
Avec mandat d’un conjoint | Parent, ami, Thérapeute, Coach, Conseil conjugal | Parent, ami, Thérapeute, Coach, Conseil conjugal |
Avec mandat des deux conjoints | Médiateur ad hoc | Arbitre |
Avec mandat de la société | Médiateur désigné par le juge | Juge |
Un de mes points de repère actuel est la conviction que toute intervention dans la vie d’un autre qui ne résulte pas d’un mandat explicite ou implicite de sa part crée une violence qui peut aller jusqu’à un viol psychique.
Le Code pénal français qualifie le viol (article 222-23) de crime et il le définit « comme tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ».
Parallèlement, la violence psychologique, ou morale est une forme de violence ou d’abus envers autrui, qui peut se manifester par des paroles ou des actes qui influencent l’autre dans ses sentiments d’être aimé ou détesté. Il peut résulter un traumatisme puni par la loi de certains pays[2].
Une fois admis que le conseiller n’est pas un sauveur tout puissant qui viendrait déverser son savoir indépendamment du désir de l’autre, il reste à préciser de quel point de vue il parle à un moment donné. Ce peut être :
En dehors des juges et des arbitres, dont je ne connais pas le métier, je crois pour ma part que le principal secret des accompagnants est leur capacité à ne pas juger, en considérant que la frontière entre le bien et le mal ne passe pas seulement entre les êtres, mais dans le cœur de chacun d’eux, et en particulier en eux-mêmes.
Pour appuyer cette approche étonnante, que j’ai découverte bien tard dans ma vie, je voudrais citer trois auteurs parmi d’autres qui furent mes maîtres :
Examinons maintenant en quoi consistent les métiers de ceux qui font profession d’accompagner les personnes en difficulté dans leur couple.
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[1] Je n’oublierai jamais cette femme qui priait au Sanctuaire marial d’Abidjan, parce que son mari s’apprêtait à la quitter pour une autre, en prétextant qu’elle était une sorcière puisqu’elle avait donné naissance à un enfant handicapé. Je n’oublierai pas non plus cet homme que sa femme avait planté, en rentrant chez sa mère, tout en lui laissant la charge des enfants en bas âge, dont il ne pouvait s’occuper sans abandonner son travail et ses revenus.
[2] La loi française n° 2010-769 du 9 juillet 2010 relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants, définit la violence psychologique en des actes répétés, qui peuvent être constitués de paroles et/ou d’autres agissements, d’une dégradation des conditions de vie entraînant une altération de la santé physique ou mentale.
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Lorsqu’une personne est en difficulté dans son couple, elle hésite généralement à demander de l’aide, sans doute par honte. Lorsqu’un d’entre eux le fait, il s’adresse en général à un parent, à ami ou à un proche, et ce dernier peut être de bon ou de mauvais conseil.
Dans le monde occidental, où les relations de famille et d’amitié se font parfois rares, les personnes en difficulté s’adressent plus volontiers à des professionnels de la relation humaine et, plus spécifiquement, à des conseils conjugaux.
Après avoir évoqué la posture de l’accompagnant, nous évoquerons différents types d’accompagnants qui ont tous une formation spécifique et qui mettent en œuvre des techniques particulières :