Chère Sylvie,
En comparaison à la crise du début de notre mariage, l’annonce du grave handicap de notre fils aîné Clément a été peu de chose et, aussi étonnement que cela puisse paraître, cette épreuve nous a rapprochés : malgré son manque presque total d’autonomie, il est une joie pour notre famille. Je te remercie de bien t’en occuper.
Durant notre mariage, nous avons vécu des grands moments de tension. Souvent j’étais triste de constater ou d’imaginer que tu ne m’aimais pas, quand je voyais la maison en désordre, les repas en retard ou les vêtements sales entassés. Toi-même me reprochais de consacrer trop d’énergie à mon travail ou de te presser pour faire les choses, au lieu de t’accorder de l’attention et de t’aider. Alors, je faisais la sourde oreille à tes reproches, et parfois, je restais des jours sans te parler, perdant l’espoir de communiquer avec toi, tant nos antagonismes étaient forts.
Souvent, tu retrouvais le calme en fréquentant nos amis qui t’apportaient une bouffée d’air. Moi-même, j’ai choisi un métier qui me permettait de voyager et je me suis formé à la transformation constructive des conflits. Finalement, un peu de distance entre nous a contribué à apaiser nos tensions.
J’ai peu à peu entendu ton appel au secours, quand tu me répétais que notre couple sombrait dans une sorte de cohabitation pacifique, où l’amour avait de moins en moins de place.
Alors que je travaillais à ce livre, je t’ai proposé un week-end « Vivre et Aimer » et tu as accepté. Très rapidement, les trois couples animateurs nous ont demandé de nous écrire l’un à l’autre, en commençant par nous remercier pour une qualité que l’autre a montrée dans la semaine. Je t’avoue avoir eu du mal à en trouver, tant j’avais de revendications contre toi. En deux jours, nous nous sommes écrit six ou sept lettres, un peu comme celle-ci, reconnaissant nos parts de responsabilité, exprimant notre gratitude, nos émotions, nos sentiments et nos besoins face à telle ou telle situation[1]. A la fin du week-end, j’avais oublié toutes mes revendications.
Depuis lors j’ai constaté que notre dialogue d’époux était entré dans une nouvelle phase, et j’ai l’espoir que notre meilleure entente aura un impact positif sur nos enfants.
En cette rencontre si ordinaire
en ces instants où passe entre nous le courant
quand nos mains se recherchent
quand notre sang réchauffe
le coeur qui bat plus vite à l’appel de son nom
je ne peux pas dire ce qui se passe
il semble que tout soit bien simple et limité dans le soir
où comme deux aveugles nous cherchons le corps
qui nous indique l’âme et son chant son appel
il semble que tout passe et presque rien ne bouge
en nos sentiments éloignés
et pourtant sans trop qu’on y pense
et sans le comprendre ou le calculer
tout à coup voici que la paix nous vient
et que nous nous sommes donnés
quelque chose de notre lien
est venu nous parler au coeur
en un lieu intérieur au-delà de ces mot
qui sont si rares et si pauvres
un état de grâce tout doucement
s’insinue en nous comme une eau profonde
tout à coup voilà
le coeur est touché.
poème, Sylvie Ducass
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[1] Cf. exemples de lettres au § 1.3.6. e. « Face au numérique »
Lorsqu’un mariage vire à l’aigre, le mari et la femme ne sont pas les seuls à en souffrir, les enfants en pâtissent également [Jean Gottman, op. cit. p. 20]
Compte tenu de ses valeurs, la société civile s’efforce de protéger l’enfant plutôt que le couple.
Figure 15 : mes parents se séparent[1]
L’Eglise aussi évoque la souffrance des enfants :
Les Pères synodaux ont aussi souligné les conséquences de la séparation ou du divorce sur les enfants qui sont, dans tous les cas, les victimes innocentes de cette situation. Au-delà de toutes les considérations qu’on voudra avancer, ils sont la première préoccupation, qui ne doit être occultée par aucun autre intérêt ou objectif. Je supplie les parents séparés : il ne faut jamais, jamais, jamais prendre un enfant comme otage ! [A.L. 24]°
La crainte d’un enfant c’est d’être laissé seul, abandonné, aussi les parents rassurent-ils habituellement leurs enfants en les prenant dans leurs bras, en leur disant qu’ils les aiment et ne les abandonneront pas. Ainsi font des milliers de parents pour calmer les angoisses enfantines, en se servant éventuellement des contes pour enfants, tels que celui du Petit Poucet. Les enfants se construisent généralement sur cette croyance que leurs parents les aiment et ne les abandonneront jamais.
Au moment de la séparation du couple, les enfants peuvent être ponctuellement soulagés si la violence verbale ou physique a rendu l’atmosphère invivable, mais le monde de leurs certitudes d’enfant s’effondre alors. En effet, la confiance en soi se construit sur des paroles que l’on croit vraies. Quelle tristesse quand on découvre que les promesses parentales se sont dissoutes.
Même si un conjoint parle toujours respectueusement du conjoint séparé, son attitude troublera l’enfant qui se demandera : si Papa ou maman étaient quelqu’un de bien, pourquoi sont-ils allés chercher quelqu’un autre ?
Si la relation entre les parents rend évident que non seulement l’amour n’est plus, mais que le respect et l’estime ont également disparu, alors l’enfant qui a mis sa confiance en eux va se demander qui il est lui, et qui sont ses parents.
Il en résulte tout un travail à faire pour restaurer chez l’enfant l’espérance de la vie sur la base de la confiance en la parole donnée, alors que celle qui a été donnée entre les parents n’a pas été respectée. En l’absence d’un tel travail, il y a de fortes chances que l’enfant ne veuille pas se marier, lorsqu’il pourrait le faire, car l’image du divorce de ses parents le hante.
Pour terminer sur une note d’espoir, rappelons que, si le mal se transmet de génération en génération, le bien se transmet encore bien plus loin, comme le dit le livre de l’Exode :
Moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux : chez ceux qui me haïssent, je punis la faute des pères sur les fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération ; mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements, je leur montre ma fidélité jusqu’à la millième génération. Exode 20:5-6
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Les conseils prodigués dans l’ensemble du guide sont bien entendu applicables aux personnes en difficulté dans leur couple. S’ils n’ont pas suffi à résoudre un conflit, et si une nouvelle tentative plus approfondie ne réussit pas non plus, il faut alors envisager d’autres moyens.
La société civile propose des médiations familiales et le droit canonique évoque à plusieurs reprises la nécessité de « faire recours aux sages » pour éviter ou du moins dépasser les conflits. C’est l’objet de la médiation qui sera évoquée aux chapitres 6 et 7.
Une fois les moyens essayés sans succès, il reste à discerner s’il est possible ou non de poursuivre la vie commune, en envisageant sérieusement une solution comme une séparation provisoire, un divorce civil, la recherche d’invalidité du sacrement de mariage.
Dans certains cas, la valorisation de sa propre dignité
et du bien des enfants exige de mettre des limites fermes
aux prétentions excessives de l’autre, à une grande injustice, à la violence ou à un manque de respect qui est devenu chronique. Il faut reconnaître qu’il y a des cas où la séparation est inévitable. Parfois, elle peut devenir moralement nécessaire, lorsque justement, il s’agit de soustraire le conjoint le plus faible, ou les enfants en bas âge, aux blessures les plus graves causées par l’abus et par la violence, par l’avilissement et par l’exploitation, par l’extranéité et par l’indifférence. Mais on ne peut l’envisager que « comme un remède extrême après que l’on [a] vainement tenté tout ce qui était raisonnablement possible pour l’éviter ; [A.L. 241]
Comme le mariage lui-même, la décision de se séparer est une décision importante qu’il convient de ne pas prendre à la légère.
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Est-il possible de continuer à vivre avec un conjoint qui ne partage plus les mêmes valeurs et qui se comporte le plus souvent en adversaire ?
A vouloir modeler l’autre sur l’image qu’on se fait de lui, on finit par se heurter à un mur et l’on est toujours trompé, non par l’autre, mais par ses propres exigences[1].
En laissant la question du discernement pour la section suivante, écoutons tout d’abord les conseils d’Adam Kahane[2], qui conseilla Nelson Mandela en Afrique du Sud, Juan Manuel Santos en Colombie, et de nombreux acteurs politiques qui ont réussi à s’entendre suffisamment avec leurs adversaires, évitant ainsi des bains de sang.
Pour lui, il y a quatre manières de faire lorsqu’on doit côtoyer un adversaire :
Comme de nombreux couples en ont fait l’expérience, coopérer avec un conjoint devenu adversaire nécessite un type de « collaboration agile », différent de la coopération conventionnelle que l’on a menée jusqu’alors, et qui a abouti à une situation bloquée.
Coopération conventionnelle | Coopération agile | |
Relations | Harmonie | Conflit |
Mode de travail | Accord préalable | Expérimentations |
Implication | Convaincre l’autre | Changer soi-même |
En effet, il n’est plus possible de s’appuyer sur l’harmonie et la bonne entente du couple car elles ont été brisées. Toutefois, il est encore possible de travailler ensemble à partir des conflits qui représentent encore une opportunité de dialogue et de changement.
La plus grande partie des problèmes sont résolus dès lors qu’on les évoque[3]
Il n’est plus possible de s’appuyer sur une vision commune de ce qu’il convient de faire, puisque cette vision a été brisée. Toutefois, il est encore possible de faire des petits pas, dans un sens puis dans un autre, pour ne pas se satisfaire de la position bloquée, mais pour tâcher d’évoluer.
Il n’est plus possible de convaincre l’autre, puisque l’on a essuyé un refus catégorique, mais il reste la possibilité de changer soi-même pour que la relation évolue en conséquence.
Parmi toutes les expériences qu’Adam Kahane expose, nous retiendrons une réflexion qui peut choquer au premier abord, mais qui est essentielle. Il convient d’user alternativement de la douceur et de la force. En effet, l’homme a besoin d’inspirer et d’expirer alternativement pour vivre. De même, il doit alterner des moments d’affirmation de son point de vue et des moments d’écoute empathique de l’autre pour coopérer de façon constructive avec son adversaire,
Il ne s’agit pas en effet de donner toute la place à l’autre, en vertu d’une prétendue charité, mais aussi de s’écouter et de se respecter soi-même, comme nous l’avons écrit dans les conseils aux amoureux. Il ne s’agit pas non plus de rester enfermé dans ses propres certitudes, considérant que toute la faute vient de l’autre, mais de découvrir, seul ou avec de l’aide, quelle est sa part de responsabilité.
Il s’agit donc d’alterner affirmation de soi et empathie, comme l’explique Adam Kahane dans son livre « power and love[4] » :
Les deux manières principales par lesquelles les gens tentent de résoudre les problèmes les plus difficiles de leur groupe, leur communauté ou de la société sont fondamentalement viciées. Soit ils imposent à tout prix ce qu’ils veulent – dans sa forme la plus extrême, cela signifie la guerre – soit ils essaient d’éviter complètement les conflits, en balayant de gros problèmes au nom d’une « paix » superficielle. « Mais il existe un meilleur moyen: combiner ces deux approches apparemment contradictoires.
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[1] Etty Hillesum, Une vie bouleversée.
[2] Adam Kahane, Collaborating with the Enemy. How to work with people you don’t agree with or like or trust?
[3] Etty Hillesum, Une vie bouleversée.
[4] The two main ways that people try to solve their toughest group, community and societal problems are fundamentally flawed. They either push for what they want at all costs—in it’s most extreme form this means war—or try to completely avoid conflict, sweeping problems under the rug in the name of a superficial ”peace.” But there is a better way: combining these two seemingly contradictory approaches.
Dans de nombreux pays[1], la loi protège les femmes et les hommes[2] contre la violence conjugale[3], avec des mesures de prévention, de protection des victimes et de condamnation des partenaires violents et des récidivistes. Voici un extrait du Code civil français :
Lorsque les violences exercées au sein du couple ou par un ancien conjoint, un ancien partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou un ancien concubin mettent en danger la personne qui en est victime, un ou plusieurs enfants,
le juge aux affaires familiales peut délivrer en urgence
à cette dernière une ordonnance de protection[4].
Même si son approche est différente[5], l’Eglise, dénonce également les violences et manipulations dans le couple, comme en dispose le code de droit canonique :
Can. 1153 — § 1. Si l’un des conjoints met en grave danger l’âme ou le corps de l’autre ou des enfants, ou encore si, d’une autre manière, il rend la vie commune trop dure, il donne à l’autre un motif légitime de se séparer en vertu d’un décret de l’Ordinaire du lieu et même, s’il y a risque à attendre, de sa propre autorité.
En pratique, cette loi canonique de l’Eglise est peu connue et peu appliquée[6], de même que les recommandations du synode de la famille sur la violence dans les couples. (Amoris Laetitia N° 153 à 156).
Etant admis que la violence domestique est condamnable, il importe de la détecter à temps, d’objectiver le niveau de violence et le seuil de tolérance, pour choisir des conduites appropriées. Dans cette perspective, des campagnes d’informations sont menées sur la violence conjugale, expliquant qu’elle suit en général un cycle qui se reproduit au fil du temps, et augmentant progressivement d’intensité.
Etapes | Vécu de l’auteur | Vécu de la victime |
Tensions | Colère | Peur de déplaire |
Agression | Perte de contrôle | Humiliation, désespoir |
Explication | Culpabilisation | Culpabilité |
Réconciliation | Expression de regrets | Espoir que c’est la fin |
Tensions | Colère | …/… |
Agression | …/… | …/… |
Il en résulte diverses formes de violences.
Les pages précédentes donnent des premières pistes pour rétablir le dialogue mais, si elles ne suffisent pas, une des premières choses à faire est de prendre conscience du caractère inacceptable de la violence, et d’en parler autour de soi pour ne pas rester isolé en position de victime impuissante.
Même si l’un des conjoints ou les deux peuvent le supporter pour eux-mêmes, ils doivent lutter courageusement contre le climat de violence domestique, en faisant, si nécessaire appel à un tiers, car cette violence provoque sur le couple et sur les enfants un impact dévastateur et durable.
Si la violence est forte, il convient de recourir à la loi, ce qui est nécessaire mais doit être effectué avec précaution car, « summum ius, summa injuria », dit l’adage latin, ce qui veut dire qu’on peut aussi se servir de la loi pour l’injustice. Comme cela est développé au chapitre 2 sur la médiation, il convient de se garder des deux écueils suivants :
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Source de l’image : avocat Steyer
[1] Ex ; En France, loi n° 2010-769 du 9 juillet 2010 relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants
[2] 88 % de femmes et 12 % d’hommes en France.
[3] En Belgique, la fréquence est estimée à un couple sur huit. http://www.mon-couple-heureux.com/violences-couple/
[4] Article 515-9 du Code civil français.
[5] En prenant position pour la victime, contre l’agresseur, l’Etat peut aggraver la situation en se posant en sauveur
[6] Combien de couples demandent un décret de l’évêque avant de se séparer ?
Depuis des siècles, la question se pose de savoir que faire en cas d’infidélité d’un conjoint. Beaucoup pensent que l’infidélité est la cause du divorce, pourtant, la plupart des thérapeutes conjugaux estiment que c’est l’inverse, à savoir que les liaisons clandestines reflètent en général une recherche d’amitié, de soutien, de compréhension, de respect, d’affection que le mariage a cessé de donner, tandis que 25 % seulement des couples estiment que l’infidélité est antécédente à la perte de complicité des conjoints[1].
L’infidélité commence quand on cesse de croire qu’on peut être heureux ensemble[2].
Ainsi, de nombreux acteurs pensent que l’infidélité n’est pas nécessairement une cause de rupture, et qu’il est possible de reconstruire son couple malgré une infidélité[3].
Le droit prévoit naturellement le cas de l’infidélité d’un conjoint.
En droit français, les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance mais il peut arriver qu’un des époux ne respecte pas ses obligations matrimoniales. Ainsi, en cas d’infidélité d’un époux, l’adultère peut constituer une faute invoquée dans une procédure de divorce[4]
lorsque des faits constituent une violation grave ou renouvelée des devoirs et obligations du mariage, que ces faits sont imputables au conjoint et rendent intolérable le maintien de la vie commune[5].
Par contre le divorce pour faute ne peut plus être demandé si les époux se sont réconciliés, c’est-à-dire s’il y a eu :
maintien de la vie commune et volonté de pardonner les griefs que l’époux avait contre son conjoint ayant eu une relation d’adultère.
Le droit canonique de l’Eglise est un peu différent :
Can. 1152 — § 1. Bien qu’il soit fortement recommandé que le conjoint, mû par la charité chrétienne et soucieux du bien de la famille, ne refuse pas son pardon à la partie adultère et ne rompe pas la vie conjugale, si cependant il n’a pas pardonné la faute de manière expresse ou tacite, il a le droit de rompre la vie commune conjugale, à moins qu’il n’ait consenti à l’adultère, n’en soit la cause ou n’ait commis lui aussi l’adultère.
En cas d’infidélité, le pardon n’est pas facile. Il est tout-à fait normal que le conjoint trompé conçoive de la colère et de l’indignation face à la trahison des promesses du mariage. Il doit accueillir paisiblement ces sentiments et les affronter avec courage, en ayant si nécessaire recours à des médiateurs conjugaux ou à des sages. Il pourra alors découvrir ses propres faiblesses et sa propre responsabilité dans l’acte de son conjoint, et il aura d’autant plus de chances de sauver son couple qu’il fera lui-même une démarche pour changer et retrouver une paix intérieure qui le fera à nouveau préférer par son conjoint.
Par ailleurs, la famille et la communauté sociale peuvent jouer un rôle important pour la prévention des divorces et la réconciliation des époux. Voici un exemple de médiation traditionnelle dans le village de Duquesne-Crémone, près d’Adzopé, en Côte d’Ivoire :
Si un homme est convaincu d’adultère, lui-même et sa maitresse sont convoqués par le chef du quartier ou le chef du village et les anciens. Une fois la médiation conclue, l’amant doit payer une amende de 50 000 FCFA (soit 75 €) au mari trompé et offrir un mouton qui sera dégusté par les villageois lors d’une cérémonie de réconciliation, avec la présence obligatoire de la femme adultère, du mari trompé et de l’amant repentant.
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Source de l’image : sandiegofamilytherapy
[1] John M. Gottman, Nan Silver Les couples heureux ont leurs secrets, Paris, Lattès, 1999. p. 33-34.
[2] Vivre et aimer, n° 68, p. 26.
[3] Voir notamment www.alexandreCormont.com/vie-de-couple/divorce-apres-infidelite/
[4] Avec le manquement à la vie commune, les violences conjugales, verbales ou physiques, le manquement à la contribution aux charges de la vie commune, le manquement au devoir d’assistance, notamment en cas de maladie ou de difficulté professionnelle, un comportement irresponsable voire dangereux envers les enfants, la jalousie et la possessivité, les conduites addictives.
[5] Article 242 du Code civil français.
Même si un couple est en grande difficulté relationnelle, rien n’est perdu jusqu’à ce que ce soit vraiment la fin. Aux USA, John M. Gottman a identifié divers moyens pour réparer les blessures d’un couple et apaiser la relation entre les conjoints.
Voici un outil de rapprochement décrit par Jordan B. Peterson :
En près de 30 ans de vie commune, à de nombreuses occasions, ma femme et moi avons eu des désaccords, parfois profonds. […] Nous nous étions mis d’accord qu’en pareille circonstance, nous prendrions temporairement nos distances, elle dans une chambre et moi dans une autre. Cela fut souvent difficile […] mais préférable aux conséquences d’une dispute qui menaçait de dégénérer. Seuls, tentant de retrouver notre calme, nous nous posions tous deux la même question : qu’avons-nous fait pour [en arriver là] ? Ensuite nous nous retrouvions et faisions part à l’autre du produit de notre réflexion : « Voici en quoi j’avais tort [1]».
Pour ma part, j’ai expérimenté qu’il est préférable d’arrêter d’argumenter et même de réfléchir, en cas de tension, pour sortir de l’enfermement des pensées vengeresses, et revenir aux sensations du corps, à l’accueil des émotions, à l’écoute de la vie et de l‘âme. J’applique volontiers aux fâcheries conjugales, cette citation bien connue de Rabelais dans son Pantagruel
Science sans conscience n’est que ruine de l’âme
En effet, on peut comparer à une science le fait d’aligner tous les reproches que l’on peut faire à son conjoint dans sa tête. Le lâcher-prise et le retour à l’âme, voire l’appel à un tiers s’imposent alors pour rechercher une solution gagnant-gagnant.
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[1] Jordan B. Peterson, 12 règles pour une vie, Conclusion.
Lorsqu’un conflit dérape, il est un autre apprentissage essentiel pour les fiancés comme pour les conjoints, qui consiste à s’excuser. En effet, la vie commune va immanquablement provoquer des blessures de l’un vis-à-vis de l’autre. Ne pas voir qu’on a une responsabilité dans le fait que l’autre est malheureux est un aveuglement grave. Heureusement, le dialogue et la vie commune donnent souvent l’occasion de découvrir sa part. C’est une chance qui nous est faite de nous améliorer.
Je ne vois pas d’autre issue que chacun de nous fasse un retour sur lui-même et extirpe et anéantisse en lui tout ce qu’il croit devoir anéantir chez les autres[1].
Pour rétablir la relation au plus vite, il importe d’apprendre à s’excuser, avec les cinq manières suivantes.
Je commence à me rendre compte que, lorsqu’on a de l’aversion pour son prochain, on doit en chercher la racine dans le dégoût de soi-même[2].
Dans son chapitre sur le pardon, Gary Chapman rappelle que le pardon n’est pas un sentiment mais une décision qui conclut une démarche personnelle de liberté. Il est caractérisé par le fait que :
Les civilisations anciennes ont des bonnes pratiques de pardon qui méritent d’être soulignées et, par exemple la pratique polynésienne de Ho’oponopono, basée sur une philosophie de la vie dans lequel chacun se reconnaît responsable de ses pensées et des situations qu’il rencontre mais aussi de sa mémoire corporelle qui concentre tous les conflits du passé non purifiés. Aussi pour parvenir à un état de paix, il est inutile de chercher à changer l’autre et de se comporter en victime de la fatalité. La solution consiste à effacer en soi les mémoires devenues limitantes et de lâcher prise pour évoluer vers des situations positives et constructives.
Une des techniques proposées pour se libérer de cette mémoire, source de tensions et de conflits, consiste à prononcer intérieurement le mantra Ho’oponopono constitué de la formule suivante : « Désolé, pardon, merci, je t’aime » où les mots portent la signification suivante :
De même, le christianisme se veut être une école de pardon, et l’Evangile propose des passages forts qui peuvent les aider à reconnaître leurs torts et à s’excuser plutôt qu’à accuser.
Si tu te souviens que ton frère a quelque-chose contre toi,
laisse-là ton offrande et va d’abord te réconcilier avec lui.
(Matthieu, 5, 23)
Quoi ! Tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? (Mathieu 7, 3)
Ses nombreux péchés ont été pardonnés : car elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on pardonne peu aime peu. (Luc 7, 47)
Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” (Mathieu 18, 33)
Globalement, il existe de nombreux livres spécifiques sur le pardon pour les personnes qui voudraient approfondir le sujet, entre autres :
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Source de l’image : Centerblog
[1] Etty Hillesum, Une vie bouleversée.
[2] Etty Hillesum, Une vie bouleversée, notes du 28 novembre 1941.
Lorsqu’une difficulté se présente, la pire solution est la politique de l’autruche, ou celle de l’évitement, qui consiste à nier le problème, en « glissant la poussière sous le tapis »
Comme l’explique aux enfants le conte de Jack Kent, « les dragons, ça n’existe pas », les problèmes de la vie, symbolisés ici par le dragon, grandissent inexorablement jusqu’à envahir tout l’espace tant que leur existence n’est pas reconnue. Lorsqu’on les reconnaît et qu’on accepte de les affronter, le dragon qui les symbolise reprend alors la taille d’un chat, et il devient gérable.
Dans un couple, rien n’est assez insignifiant
pour ne pas valoir la peine de se battre[1].
En effet, tous les problèmes non résolus laissent de l’amertume entre les époux, de manière inexprimée mais bien réelle. Faute de les évoquer sérieusement, avec confiance et précision, ils vont peu à peu saper les fondations invisibles, la connivence et la confiance qui soutiennent le mariage.
A l’inverse, un peu d’attention, de courage et d’honnêteté dans le couple peuvent éviter que les problèmes s’accumulent et s’aggravent, au point de créer des difficultés relationnelles insurmontables.
Mettez-vous en colère, mais ne vous fâchez pas.
Que le soleil ne se couche pas sur votre colère[2].
Finalement, il vaut mieux prendre le risque de provoquer un conflit pour faire ressurgir la vérité et la paix sur le long terme plutôt que de fermer les yeux sur les micro-crises du couple, en les supportant à contrecœur, au risque de nourrir une rancune.
Certains conflits reviennent régulièrement car ils résultent d’un antagonisme fondamental, entre les époux qui ont deux façons positives opposées de concevoir la vie. Gert Hofstede, Jacques Demorgon, et plus récemment l’ATCC signalent par exemple les antagonismes entre
Dans ces cas-là, il ne sert à rien de plaider pour une vision du monde plutôt qu’une autre, mais plutôt de rechercher un motus vivendi, où les deux conjoints ayant une vision du monde opposée pourront trouver un compromis acceptable par les deux.
Figure 14 : valeurs, culture, personnalité[4]
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Source de l’image : Babelio
[1] Jordan B. Pederson, 12 règles pour une vie. Règle 10 Soyez précis dans votre discours. Ce chapitre inspire la présente section.
Une parole douce apaise la fureur,
une parole blessante fait monter la colère
(Proverbes 15 v1)
Un psychologue américain, John M. Gottman, a beaucoup travaillé sur les signes prémonitoires de difficultés, au point qu’il prétend être capable de prédire un divorce en observant pendant cinq minutes la façon dont les conjoints se disputent. Sans le suivre dans ses prétentions qui ne prennent pas en compte l’évolution des personnes, nous retiendrons sa distinction entre les couples « émotionnellement intelligents » promis à un mariage durable, et les autres qui doivent travailler à le devenir :
Plus un enfant est conscient de ses propres émotions, mieux il est capable d’entendre les autres et de s’entendre avec eux, et plus l’avenir lui sourit, quel que soit son quotient intellectuel. […] Les partenaires amoureux peuvent eux-aussi acquérir les bases de ce savoir-faire[1].
D’après lui, les mariages heureux se ressemblent sur trois principaux points :
A l’inverse, John M. Gottman évoque une série de sept indices laissant présager une séparation des époux : [Jean Gottman, op. cit. p 46 et sq.]
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Sources de l’image : isockphoto
[1] John M. Gottman, op. cit. p. 16
[2] Les trois attitudes ci-dessus peuvent se succéder ou coexister comme indiqué dans la section 2.5.1. sur le triangle dramatique.
[3] John M. Gottman explique que les conflits conjugaux sont physiquement plus difficiles à supporter pour les hommes, car, d’après les travaux de Dolf Zilmann à l’université d’Alabama, les hommes mettraient statistiquement plus de temps à récupérer d’un stress que les femmes.