Mon histoire m’a appris que deux personnes peuvent vivre un coup de foudre puis, un jour, arriver à se détester ![1]
L’escalade de la violence dans les relations interpersonnelles est bien décrite par la psychologie, avec les étapes suivantes :
Figure 13 : le triangle dramatique de Karpman[3]
Les tensions dans les couples ne datent pas d’aujourd’hui. La littérature en parle depuis plus de 2000 ans :
C’est en raison de la dureté de votre cœur que Moïse
vous a permis de renvoyer vos femmes.
Mais au commencement, il n’en était pas ainsi.[4]
Traditionnellement, les formules de la cérémonie du mariage évoquent la période d’épreuve qui arrive immanquablement à toute famille. C’est aussi le cas implicitement lors de la lecture obligatoire de l’article 212 du code civil :
Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance.
C’est également le cas lors des échanges de consentement[5] :
La fiancée : Je te choisis comme époux et je me donne à toi
Le fiancé : Je te choisis comme épouse et je me donne à toi
Ensemble : Pour nous aimer fidèlement, dans le bonheur ou dans les épreuves, et nous soutenir l’un l’autre, tout au long de notre vie jusqu’à ce que la mort nous sépare.
Une des spécificités du mariage, est précisément l’alliance qui dure toute la vie, y compris dans les moments d’épreuve.
Dans le mariage les époux s’engagent pour la vie parce qu’ils s’aiment, ils éprouvent un sentiment positif l’un envers l’autre. La raison est aussi présente, en aidant et en confirmant, mais ce n’est pas elle qui motive. Lorsqu’un mari constate qu’il en veut à sa femme et qu’il accepte d’agir pour rester fidèle à son engagement, il ne peut cesser de lui en vouloir par une simple décision prise en une seconde. Ce qu’il peut faire, c’est observer ce qui se passe en lui, observer son discours intérieur et le modifier.
Si chaque fois qu’il constate qu’il lui reproche ceci ou cela,
il se dit « attention, je suis en train de nourrir en moi un sentiment négatif, ce n’est pas dans mon intérêt.
S’il le fait avec sérieux, il arrivera à gérer la situation, à laisser dépérir le négatif et à entretenir un sentiment positif
qui finit par régler le problème[6].
Nous ne reviendrons pas sur les épreuves que traversent tous les humains, comme la maladie, le deuil, le chômage, la perte d’un logement ou d’emploi, les difficultés financières, la solitude, le travail épuisant, etc. Dans ces moments-là, les conjoints se doivent mutuelle assistance dans le respect des lois et des engagements qui règlent la vie conjugale.
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Source de l’image : l’Express
[1] Michael, www.mon-couple-heureux.com/a-propos-2/
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Triangle_dramatique
[4] Matthieu 19, 3-9.
[5] https://croire.la-croix.com/Definitions/Sacrements/Mariage/L-echange-de-consentement-le-Oui
[6] Piron (Claude), conférence au congrès de la fédération internationale des centres de préparation au mariage, 2016.
Chère Sylvie,
La plus grande épreuve de notre vie de couple est survenue après un an de mariage.
Pour des raisons que je n’ai toujours pas élucidées, j’ai sombré dans un désespoir profond, une sorte de « burn out », comme on dit aujourd’hui. Je n’acceptais plus tes gestes d’amour, que je ressentais comme une pitié, et je refusais de même les paroles et les gestes de nos amis, dont nous étions très proches. J’étais alors partagé entre l’amour et la haine de mon analyste, qui tenait une place essentielle dans ma vie. J’ai très mal vécu l’arrivée de notre premier enfant, en enviant tous ceux qui témoignaient de l’affection à toi et à lui, alors que j’en étais incapable.
Je te serai éternellement reconnaissant de t’être montrée discrète et patiente pendant plus d’un an et je repense à cette chanson que nous avons écrite ensemble, au moment où je broyais du noir :
L’homme qui s’est laissé abattre,
et qui n’a plus goût à la vie,
dont l’âme est devenue grisâtre
qui ne sent plus le feu en lui
Qu’il regarde le lys des champs
Et retrouve un espoir renaissant
Comme cette prairie en friche
le maître te labourera
Que tu sois pauvre ou bien trop riche,
fertile et belle il te rendra
Tu seras comme un lys des champs
Mets en lui ton espoir naissant
Au jour de tes premières fleurs,
quelqu’un avait mis la semence
Elle germera avec bonheur
si tu retournes à l’espérance
Tu vaux plus que le lys des champs
Garde en toi l’espoir bien vivant
Me voilà homme devenu
Je ne veux lus emplir les nues
Mais avec toi qui est venue
Chantons notre sauveur Jésus
Regardons bien le lys des champs
Du paradis qui nous attend
Le désespoir s’est estompé quand nous avons déménagé à Amiens, où nous ne connaissions personne. Nous avons cherché, tant bien que mal, à construire notre famille. En arrivant, nous étions trois avec notre fils aîné, et en repartant cinq ans plus tard, nous étions six, avec trois autres garçons. Voici un poème que tu m’as écrit à cette époque :
Flamme de bougie près du verre d’eau amour deviné au bord d’un regard dessin de la lèvre esquissant mon nom douceur d’une vie tant insaisissable… il fait beau de vivre en une maison un jardin de paix un berceau d’enfance il fait doux de vivre auprès de ta main ami de mon âme quand je deviens femme lumière dorée espérance d’être au soir attendu plus tendres et plus sages aventure avec un homme inconnu dont le nom ressemble à toi qui es là… | je te dis merci pour tous ces instants où le cœur s’éveille où le bonheur luit notre vie grandit comme un arbre vert tendant ses rameaux vers le ciel de mai notre vie s’avance en courbes très lentes vers ce qui n’est pas vers ce qui se forme au milieu du monde mystérieux et nous apprenons année après an les fleurs et les fruits de chaque saison les jours et les temps de toute moisson Sylvie Ducass Eté 86, 3 ans de mariage |
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Le dialogue est une manière privilégiée et indispensable de vivre, d’exprimer et de faire mûrir l’amour, dans la vie matrimoniale et familiale. Mais il suppose un apprentissage long et difficile[1].
La connaissance mutuelle entre deux êtres évolue toujours de l’extérieur, c’est-à-dire ce que la personne donne à voir, (apparence physique, façon de se comporter…), vers l’intérieur (sentiments, intelligence, convictions, attentes, valeurs et finalement la volonté, fruit de la liberté). Faire connaissance nécessite à la fois de la gratuité, du temps, de l’humilité et de la patience pour maintenir l’espace nécessaire à la découverte mutuelle.
Si l’homme et la femme sont trop près, ils vivent une relation de fusion qui ne leur permet pas de se connaître vraiment, en faisant la différence entre l’un et l’autre. S’ils sont trop loin, il y a cohabitation mais pas d’intimité, au sens d’un espace pour construire une relation de couple. Parfois les deux positions coexistent ou alternent, l’un des deux s’écartant quand il se sent envahi et l’autre se rapprochant quand le premier s’éloigne. Il faut savoir que tous les êtres n’ont pas le même sens des limites et ce qui est jugé trop près par l’un pourra être jugé trop loin par l’autre. Une relation équilibrée consiste pour chacun des fiancés ou pour les personnes en couple, à vivre deux espaces complémentaires, à savoir leur espace personnel et leur espace commun.
Si chacun des fiancés exprime librement ce qu’il ressent dans telle ou telle situation, ils découvriront à quel point leurs réactions sont différentes. Ils verront qu’ils ont tendance à copier le modèle parental, et que cela peut blesser l’autre. Ils pourront alors inventer une autre manière de se comporter, qui convienne à leur couple.
75 % des couples qui se séparent le font
à cause d’un manque de communication.[2]
Le dialogue nécessite en fait d’écouter et de parler, mais, dans ce domaine, on a toujours à apprendre à progresser.
Parmi les différentes formes d’écoute, Carl Rogers a conceptualisé la notion d’« écoute active », qui nécessite de respecter trois conditions :
La parabole du semeur, où la semence symbolise la parole, évoque une bonne manière d’écouter et trois mauvaises. La parole tombée « dans la bonne terre » produit des fruits au centuple[5] tandis que se perd celle qui tombe au bord du chemin, sur le sol pierreux ou dans les épines.
Nous avons tous appris à parler
et pas nécessairement à communiquer[6]
Pour que l’autre puisse nous écouter, il importe aussi d’apprendre à parler sans blesser, ce qui implique le respect de quatre règles :
La plus grande partie des problèmes sont résolus dès lors qu’on les évoque[7]
Une autre particularité du dialogue est qu’il produit un échange. Selon Catherine Emmanuel[8], il comporte quatre temps, avec une manière juste et deux manières mauvaises de le vivre, le trop et le trop peu :
Figure 6 : le cycle de l’échange
Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous[9]« .
Personnellement, mes parents m’ont transmis leur sens du travail en m’enseignant à devenir indépendant financièrement, et je leur en suis très reconnaissant. Par contre, ils m’ont enseigné à ne dépendre de personne, ce qui m’a amené pendant longtemps à refuser par culpabilité les dons qui m’étaient proposés. En refusant ainsi de recevoir, je me suis privé inutilement de ressources qui m’auraient été utiles, et j’ai souvent blessé les personnes qui se posaient en amis.
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[1] Amoris Laetitia, 136.
[2] Bénédicte de Dinechin, Le couple dont vous êtes les héros. Paris, Quasar, 2018, p. 32.
[3] https://Marketin.thus.ch + https://alternego/
[4] Juger, moraliser, expliquer, interpréter, rassurer, donner des solutions, chercher à convaincre, projeter ses propres peurs, ce n’est pas écouter.
[5] Evangile selon St Matthieu, chapitre 13.
[6] L’Abécédaire des CPM, tome 2, p.82.
[7] Etty Hillesum, Une vie bouleversée.
[8] Texte inspiré d’une conférence de Catherine Emmanuel le 3 mai 2019 à Venise, dans le cadre du GEMME et du Conseil International de la médiation.
[9] Evangile selon St Luc 6, 38
Dans Son best-seller « 12 règles pour une vie »[1], Jordan B. Peterson suggère de se concentrer sur l’essentiel, et non sur le plus opportun ou le plus agréable.
En relisant l’histoire de l’humanité, il montre le grand progrès que les hommes ont accompli par rapport aux animaux, en acceptant le principe de gratification différée, qui consiste à lâcher le provisoire pour le durable, l’accessoire à l’essentiel, à partager librement et à renoncer à des biens éphémères pour préparer un avenir meilleur. Pour les amoureux, la question se pose en ces termes : est-il préférable d’attendre avant d’entamer une relation sexuelle ?
Dans le monde occidental une mentalité hédoniste tend à dire que si les jeunes n’ont pas de relations sexuelles préconjugales, ils sont anormaux. Penser cela n’empêche pas de s’écouter et de réfléchir par soi-même :
Si j’avais une grande âme, je renoncerais à tout contact physique avec lui, puisque cela ne fait que me rendre malheureuse au fond de moi. Mais je ne me sens pas encore la force de renoncer à toutes les possibilités de communication qui se perdraient ainsi. Et je crois que j’ai peur de le blesser dans sa fierté masculine[2].
La société occidentale promeut des relations sexuelles « à volonté », entre adultes consentants, mais beaucoup d’auteurs expriment une sorte de dégoût après une union qui a laissé de côté une part supérieure de leur être, c’est-à-dire leur âme au plan psychique ou leur esprit au plan spirituel. Etti Hillesum raconte dans son journal :
Tout de même, je suis un peu triste ce soir. Pourtant c’est bien moi qui ai voulu nos étreintes. […] Chez moi, les crises soudaines de désir physique proviennent toujours d’un sentiment de parenté spirituelle, elles ne sont donc pas condamnables. Pourtant je n’en retire que de la tristesse[3].
De même Saint Augustin confessait :
En la fleur de ma jeunesse, je brûlais d’ardeur et de passion pour me rassasier des voluptés basses et terrestres, et je me suis débordé en beaucoup de sales amours qui cherchent à se cacher dans les ténèbres. […]
Une brutale concupiscence emportait la faiblesse de mon âge dans les dérèglements violents des passions. […] Cette seizième année de mon âge, où la volupté commença à dominer tyranniquement sur moi, où je me rends esclave de cette impétueuse maîtresse, de cette folle et violente passion, qui à la honte des hommes règne avec tant de licence sur le monde[4].
Je trouvais plus de délices et plus de douceurs à aimer et à être aimé, lorsque je possédais entièrement la personne qui m’aimait, et qu’elle s’était toute donnée à moi. […] Je me vis aussitôt cruellement déchiré comme avec des verges de fer toutes brûlantes par les jalousies, les soupçons, les craintes les colères et les piques[5].
Les sociétés religieuses recommandent généralement la chasteté à tous les stades de la vie, et surtout pour les fiancés.
La chasteté c’est l’intégration réussie de la sexualité
dans la personne humaine, c’est-à-dire l’harmonie de son corps et de toutes ses capacités humaines[6].
Avant le mariage, la chasteté implique notamment la continence, qui consiste à s’abstenir de relations sexuelles, et ce, pour plusieurs raisons :
Vivre une belle chasteté n’est pas nécessairement inné. Cela s’apprend non seulement par des théories expliquées à notre cerveau mais aussi par des formations, et plus encore par des groupes de partage, comme ceux proposés par Teenstar.
On tombe amoureux d’une personne complète
avec son identité propre, non pas seulement d’un corps[1]
Pour aider à comprendre et vivre une chasteté épanouie, voici quelques points de repère[2], inspirés principalement de Karol Wojtyla :
La chasteté est une contrainte exercée sur le corps :
alors que j’ai du désir, je ne l’assouvis pas,
ou j’en reporte l’assouvissement.
Alors, répressive, la chasteté ? Négative ?
Oui, si elle n’est pas authentique !
La chasteté est une énergie spirituelle capable de défendre l’amour des périls de l’égoïsme et de l’agressivité,
et capable de faire progresser l’amour […]
de nous rendre libres en vue d’un Amour dénué d’égoïsme, de voir en l’autre une personne
et non un objet à posséder ou à utiliser. […]
Manquer à l’autre qui nous manque aussi, s’attendre,
se désirer, se chercher, se retrouver,
c’est le rythme même de l’amour.
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Source de l’image : https://www.teenstar.fr/un-livre-pour-informer-les-jeunes/
[1] Amoris Laetitia, 164.
[2] http://www.viesavie.com/question/quest-ce-que-la-chastete-est-elle-une-voie-pour-conserver-le-desir/
[1] Jordan B. Pederson, 12 règles pour une vie. Cf. la règle n° 7 : Concentrez sur l’essentiel (et non sur le plus opportun).
[2] Etti Hillesum, Une vie bouleversée, notes du 8 mai 1941
[3] Etti Hillesum, Une vie bouleversée, notes du 11 janvier 1942
[4] Saint Augustin, confessions, livre II, chapitre II.
[5] Saint Augustin, confessions, livre III, chapitre I.
[6] Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 2337.
[7] https://psychologie-sociale.com/index.php/fr/theories/influence/10-theorie-de-l-engagement-et-de-la-dissonance
[8] Ou d’un autre couple symbolique ou œdipien
Autrefois en Europe, et encore aujourd’hui dans certaines régions du monde, le mariage était arrangé par les parents qui imposaient à leur enfant le choix de son conjoint, en tenant plus ou moins compte de son avis.
Cette pratique est contraire à la conception de la société actuelle, basée sur la liberté fondamentale de l’homme et de la femme, impliquant le libre consentement des conjoints comme condition de validité de leur mariage.
On ne choisit généralement pas de « tomber amoureux », et on se laisse souvent surprendre par une émotion inattendue. Par contre, une fois amoureux, il importe d’aller au-delà du simple ressenti pour discerner si c’est « la bonne personne » ou pas, celle avec qui on va pouvoir s’engager sans risquer de courir à un échec garanti. En effet, les jeunes de notre temps rêvent en général d’un véritable amour solide même si, dans la réalité, ils vivent souvent « un couple éphémère ».
Si le sentiment amoureux ne s’édicte pas, le choix de l’élu(e),
lui, se décide en fonction de critères parfois précis
correspondant à nos valeurs et besoins les plus importants
En effet, l’attirance ou le rejet ne sont pas un critère suffisant pour discerner si la personne rencontrée est « l’homme ou la femme de notre vie » ou s’il s’agit d’une convoitise passagère, car nous avons vu que généralement les deux attitudes alternent. Donc, comment savoir si la personne rencontrée est la bonne personne ?
Celui qui n’accepte pas librement de préférer à son désir ou à son bien-être, le désir ou le bien-être de l’autre, ne sait pas aimer
Dans la littérature, une fille demande à sa maman « comment savoir si je l’aime ? » ou bien la question inverse « comment savoir s’il m’aime vraiment ? » et la maman de répondre : « Lorsqu’on est amoureux, on le sait. ». Certes, mais la réalité est plus complexe.
Tout mariage, s’il est un mariage d’amour, est aussi un mariage de raison qui n’est pas basé uniquement sur l’attirance de l’un vers l’autre, mais qui fait appel à notre intelligence. Notre engagement est-il bien de former une communauté de vie et non une fusion passionnelle ?
Le questionnement est légitime, car il est bien différent d’éprouver une attirance pour une personne, et de l’aimer vraiment. Savoir si on aime vraiment implique d’apprendre à décrypter ses propres sentiments et à préciser ce que l’on entend par amour.
Discerner, c’est prendre le temps de te découvrir,
avec tes désirs propres, ton mode de fonctionnement, ta psychologie. C’est accueillir ton histoire, ta famille
et ton éducation. C’est apprendre à t’écouter,
à communiquer avec toi, à te respecter[1].
Les conseillers conjugaux mettent en ligne des tests et prodiguent des conseils d’Alexandre Cormont, Guy Chapman et d’autres auteurs qui sont d’ailleurs assez concordants, mais qui ne pèsent pas forcément très lourd quand le sentiment domine :
L’émotion amoureuse n’est pas l’amour et il est très difficile de savoir si l’on aime vraiment quand on est amoureux. En effet, cette émotion occulte notre capacité de jugement tout autant qu’elle dure, un maximum de trente mois selon les études. Il faudrait donc cesser d’être amoureux pour juger de la pertinence de notre sentiment. Pour savoir si on aime vraiment, voilà des questions à se poser en amont :
Si nous sommes attirés par quelqu’un, c’est que nous voyons de la valeur en lui. Si quelqu’un nous dit que nous comptons pour lui, nous accueillons cette parole avec joie, mais prenons aussi le soin de vérifier si les mots sont confirmés par la communication non-verbale, c’est à dire par le comportement de l’autre. Pour ce faire, le coach Jean Laval propose un test assez simple[3] qui consiste à évaluer le degré d’empressement du partenaire à répondre aux demandes de rencontres. Ainsi, lorsqu’après les premiers rendez-vous votre partenaire diffère régulièrement d’autres demandes de rendez-vous, n’en propose que rarement, et en annule certains, c’est probablement qu’il ne vous considère pas autant qu’il le dit.
Un second critère est celui de la patience qui distingue l’adulte de l’enfant.
Notre décision véritable de nous engager dans cet amour et ce projet de vie à deux pour fonder une famille doit mûrir de l’intérieur et non être comme dictée par les circonstances.
Et le meilleur moyen d’intérioriser une décision est de savoir attendre. Attendre signifie savoir supporter la distance, la solitude et même le vide. Attendre signifie savoir éprouver ma liberté pour se mettre en mesure d’être tout entier
dans mon engagement[4].
Un autre critère est celui des valeurs communes. Par exemple, si l’un des partenaires a besoin de nature et de campagne pour s’épanouir et que l’autre a besoin de la ville, il est probable que cet « antagonisme fondamental » sera difficile à vivre pour les deux. Ils pourront néanmoins le faire, s’ils ont des valeurs communes supérieures au cadre de vie.
Presque tout le monde cherche un partenaire « beau, séduisant, gentil, intelligent », mais l’alchimie d’un couple se joue sur d’autres critères qui, s’ils sont au second plan au moment de la rencontre, sont déterminants pour la durée du couple, comme :
Il ne s’agit pas de choisir un clone de soi-même, mais il vaut mieux vérifier qu’il n’existe pas de décalages trop grands qui risqueraient de mettre en péril la durée du couple. Cela suppose donc de :
Gary Chapman[6] rappelle que le temps des accordailles doit permettre aux intéressés de se connaître et de s’apprécier dans leurs ressemblances et différences, en discernant par-là s’ils pourront continuer à s’aimer une fois l’euphorie passée. Ce temps de discernement est un temps de découverte et d’apprentissage pour se connaître, se respecter, et accepter ses différences dans les domaines aussi variés que :
Il invite aussi à rencontrer la famille de l’autre, avant de prendre sa décision, car le futur conjoint aura probablement tendance à ressembler à son parent dans ses qualités et ses défauts, à moins qu’il n’ait objectivé une difficulté et qu’il ait entrepris un travail pour y remédier chez lui. Dans tous les cas, il est recommandé aux amoureux de passer du temps avec ceux qui pourront devenir leurs futurs beaux-parents et de partager avec leur futur conjoint ce que l’on ressent face à leurs attitudes et leurs manières de vivre.
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Source de l’image : https://www.armand-colin.com/le-choix-du-conjoint-9782200278328
[2] exemple : https://www.alexandrecormont.com/comment-seduire/savoir-si-je-laime/ ou http://www.viesavie.com/question/vivre-le-celibat-comme-un-temps-de-preparation/
[3] https://www.jeanlaval.com/article/comment-savoir-si-cest-la-bonne-personne/
[4] http://viesavie.com/question/et-les-fiancailles-a-quoi-ca-sert/
[5] Voir notamment : http://www.partageetrencontre.net/wp-content/uploads/2014/01/connais_toi_toimême.pdf
[6] Les livres fournissent des exemples concrets qui donnent corps aux conseils évoqués ci-après. Pourtant, les livres ne donnent encore qu’un piètre aperçu des réalités qui se cachent derrière les mots et qu’il convient d’expérimenter avec son partenaire ou avec d’autres personnes plus expérimentées. La suite du présent guide propose des bonnes pratiques en ce sens.
[7] Les langages préférés de l’un ne sont généralement pas ceux de l’autre parmi les cinq langages de l’amour identifiés par Gary Chapman : 1. paroles valorisantes, 2. services rendus, 3. cadeaux, 4. moments de qualité, 5. contacts physiques
Tu as besoin d’amour ? Tu ne le trouveras pas dans la débauche, en utilisant les autres, en possédant les autres ou en les dominant. Tu le trouveras d’une manière qui te rendra véritablement heureux. […]
Tu cherches la passion ? Comme le dit ce beau poème, tombe amoureux ! […]
C’est cela qui te décidera à sortir du lit le matin,
qui décidera de ce que tu fais de tes soirées,
de ce à quoi tu emploies tes weekends, de ce que tu lis, de ce que tu sais, de ce qui brise ton cœur
et de ce qui te submerge de joie et de gratitude.
Tombe amoureux ! Demeure dans l’amour ! Tout sera différent[1]
Pour ceux qui ne sont pas encore amoureux, cet extrait d’une lettre du pape François aux jeunes, évoquait l’amour de Dieu, mais on peut aussi entendre à propos de l’amour humain.
Pour ceux qui sont amoureux et qui envisagent de vivre en couple, il importe de distinguer deux temps distincts :
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[1] François (Pape) Christus Vivit, n° 131.
Parmi les étapes de la vie, la plus joyeuse est sans doute la découverte de l’amour ; la plus douce le début de la vie commune ; la plus pénible, le désenchantement issu des conflits ; la plus dure la séparation et la plus belle la tendresse après les retrouvailles.
Pour permettre aux lecteurs de s’y retrouver, nous avons réparti les « secrets d’amour » en fonction des cinq grandes périodes possibles de la vie d’un couple :
On peut rencontrer le même type de difficultés à plusieurs des étapes évoquées, mais nous avons choisi d’évoquer une seule fois les mêmes conseils, si bien que nous proposons la table ci-après et un index en fin d’ouvrage pour permettre aux lecteurs de trouver facilement les indications qu’ils recherchent.
Etapes | Conseils |
Accordailles | Le temps du célibat Le sentiment amoureux L’attirance homosexuelle Le choix du futur conjoint Le choix de former un couple La chasteté préconjugale La construction du nous La saint Valentin autrement |
Fiançailles | Le choix du type d’union La préparation au mariage Apprendre à dialoguer et partager Vers la maturité émotionnelle Vers l’entente et l’harmonie Face aux premiers conflits La prière en famille Le courage de s’engager ou rompre La cérémonie |
Jeunes couples | Les clés pour être heureux La sexualité dans le couple La parentalité responsable L’attente de l’enfant L’accueil de l’enfant Les équilibres dans le couple Face à la routine Face aux épreuves de la vie Acteurs d’un projet commun |
Temps de crise | Signes précurseurs des difficultés Face aux tensions quotidiennes L’apprentissage du pardon Les moyens d’apaiser les tensions Face à l’infidélité, Face à la violence Vivre ensemble, malgré la souffrance Discernement sur le lien conjugal La souffrance des enfants |
Séparés | Séparés mais fidèle Discernement sur la validité du mariage Divorce civil et le procès en invalidité de mariage Divorcé engagé dans une nouvelle union Retrouvailles |
Aimer pour la vie, ça s’apprend, ça s’entretient[2]
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[1] Claude Nougaro, « Une petite fille en pleurs »
[2] Slogan de www.vivre-et-aimer.org
En visitant Paris, une chinoise s’est arrêtée devant une procession de mariage sortant d’une église. Après quelques explications avec leurs hôtes français, elle s’est écriée : « Moi, je voudrais me marier à l’Eglise catholique, parce que le mariage est indissoluble. »
Actuellement, le taux de divorce rapportés au nombre de mariages augmente partout dans le monde[1] :
Ainsi le taux de divorce dans les pays musulmans est plus faible et de même chez les catholiques où, si l’on en croit le Georgetown’s Center for Applied Research, le taux de divorce serait deux fois moindre que celui des autres couples aux USA[3]. Les croyances et les pratiques religieuses y contribuent certainement, mais il y a aussi quelques secrets d’amour, que les sociétés religieuses ont découverts au fil des siècles et que l’Eglise catholique a mis en lumière lors du synode sur la famille et de l’exhortation « Amoris Laetitia » ou « la joie de l’amour ».
Les sociétés religieuses n’ont pas le monopole de l’amour, et la société civile fourmille aussi d’idées, de travaux et de bonnes pratiques ainsi que de secrets d’amour souvent méconnus, que nous nous proposons de mettre également en lumière.
Pour savoir d’où je parle, permettez-moi de me présenter :
J’ai 65 ans et je suis marié depuis 36 ans. Nous avons six enfants et deux petits-enfants. Fils d’hôteliers savoyards, j’ai alterné ma scolarité entre l’enseignement catholique et les écoles publiques, y compris l’Ecole Polytechnique, et j’ai aimé ces deux mondes, au point que je me sens à la fois enfant de l’Eglise et enfant de la société. Comme un enfant de deux mères, je vis mal la tension entre l’Eglise et l’Etat, au point que je me sens mieux en Afrique qu’en France, où il m’est plus facile de concilier ma foi et mon travail professionnel. Après 40 ans dans l’administration française à Bercy, Matignon (Datar), dans des collectivités territoriales et dans des agences (ANVAR, Ademe), et ailleurs, j’ai créé mon entreprise energeTIC[4] pour faire ce que j’aime, en aidant les gouvernements africains pour la transformation énergétique, numérique et sociale de leur pays. Je vois trois raisons à l’écriture de ce livre :
Nous consacrons beaucoup de temps et d’énergie à entretenir notre voiture, à promener notre chien, à regarder la télévision, à étudier des tas de choses, à développer notre carrière professionnelle. Quel temps consacrons-nous à notre conjoint, à notre relation de couple, à notre famille ?
De même, un nombre croissant de personnes consacre du temps et de l’énergie à leur développement personnel, pour se connecter à leur moi profond, que l’on peut appeler âme. Mais quels couples s’occupent de leur « développement conjugal » pour devenir une seule chair et une seule âme alors que certains s’interrogent : est-il bon, possible et souhaitable de vivre avec le même conjoint toute sa vie ?
Ces quelques pages se proposent de les y aider, puisque j’ai découvert de précieux secrets d’amour, en fouillant d’une part dans mon expérience, et d’autre part dans les écrits des sages, les travaux des professionnels et les enseignements de la société et de l’Eglise.
Les professionnels de l’accompagnement des couples y trouveront sans doute la vision naïve d’un non-professionnel, mais ce faisant, ils pourront sortir des sentiers battus de ce qu’on leur enseigne, pour découvrir quelques perles inconnues, ne serait-ce que parce que la société civile et les sociétés religieuses ont à beaucoup apprendre l’une de l’autre.
L’ouvrage est structuré en deux parties complémentaires :
L’ouvrage s’adresse à cinq catégories de personnes :
Se marier est l’affaire d’un jour,
rester marié est l’effort de toute une vie[6]
Chaque section est accompagnée de nombreuses citations, illustrations et références tirées principalement :
Nous nous sommes efforcés de conserver un équilibre entre les deux types de sources profanes et sacrées, que nous estimons complémentaires, même si elles sont parfois contradictoires sur certains points. Le choix de nos quelques 500 citations et références privilégie en outre :
Pour affronter une crise, il faut être présent.
C’est difficile, car parfois les personnes s’isolent
pour ne pas exposer ce qu’elles sentent,
elles s’enferment dans un silence mesquin et trompeur.
En ces moments, il est nécessaire de créer des espaces
pour communiquer cœur à cœur. Le problème est qu’il devient plus difficile de communiquer de cette façon
durant une crise, si on n’a jamais appris à le faire.
C’est tout un art qu’on apprend dans des moments de calme,
pour le mettre en pratique dans les temps durs[7].
Après avoir relu les pages de cet ouvrage et les avoir adaptées à leur vision et à leur contexte, les acteurs des politiques familiales et les personnes intéressées pourront s’en servir à volonté et recopier sur leur site internet ou sur d’autres supports celles qui leur semblent utiles.
C’est la raison pour laquelle les présentes informations sont en accès libre sur le web[8], diffusées sous licence « creative common » avec les options suivantes :
La pré-édition du 11 octobre 2019 intègre des corrections nécessaires par rapport à celle du 8 septembre et commence à prendre en compte l’expérience des musulmans chez qui le taux de divorce apparaît très faible dans les statistiques nationales.
Comme il l’a fait pour ses précédents ouvrages, l’auteur est friand de tous les conseils et critiques qui lui seront prodigués pour compléter et/ou améliorer cet ouvrage au service des couples, des familles, de l’Eglise et de la société.
[1] https://en.wikipedia.org/wiki/Divorce_demography
[2] 46 % selon l’INED : https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/france/mariages-divorces-pacs/divorces/
[3] http://www.ncregister.com/daily-news/catholics-continue-to-have-lowest-divorce-rates
[5] Juriste de l’Eglise catholique. Cf www.canonistes.org
[6] Slogan de http://retrouvaille-coupleencrise.fr/
[7] Amoris Laetitia, n° 234.