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45. Face à l’infidélité

Depuis des siècles, la question se pose de savoir que faire en cas d’infidélité d’un conjoint. Beaucoup pensent que l’infidélité est la cause du divorce, pourtant, la plupart des thérapeutes conjugaux estiment que c’est l’inverse, à savoir que les liaisons clandestines reflètent en général une recherche d’amitié, de soutien, de compréhension, de respect, d’affection que le mariage a cessé de donner, tandis que 25 % seulement des couples estiment que l’infidélité est antécédente à la perte de complicité des conjoints[1].

L’infidélité commence quand on cesse de croire qu’on peut être heureux ensemble[2].

Ainsi, de nombreux acteurs pensent que l’infidélité n’est pas nécessairement une cause de rupture, et qu’il est possible de reconstruire son couple malgré une infidélité[3].

Le droit prévoit naturellement le cas de l’infidélité d’un conjoint.

En droit français, les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance mais il peut arriver qu’un des époux ne respecte pas ses obligations matrimoniales. Ainsi, en cas d’infidélité d’un époux, l’adultère peut constituer une faute invoquée dans une procédure de divorce[4]

lorsque des faits constituent une violation grave ou renouvelée des devoirs et obligations du mariage, que ces faits sont imputables au conjoint et rendent intolérable le maintien de la vie commune[5].

Par contre le divorce pour faute ne peut plus être demandé si les époux se sont réconciliés, c’est-à-dire s’il y a eu :

maintien de la vie commune et volonté de pardonner les griefs que l’époux avait contre son conjoint ayant eu une relation d’adultère.

Le droit canonique de l’Eglise est un peu différent :

Can. 1152 — § 1. Bien qu’il soit fortement recommandé que le conjoint, mû par la charité chrétienne et soucieux du bien de la famille, ne refuse pas son pardon à la partie adultère et ne rompe pas la vie conjugale, si cependant il n’a pas pardonné la faute de manière expresse ou tacite, il a le droit de rompre la vie commune conjugale, à moins qu’il n’ait consenti à l’adultère, n’en soit la cause ou n’ait commis lui aussi l’adultère.

En cas d’infidélité, le pardon n’est pas facile. Il est tout-à fait normal que le conjoint trompé conçoive de la colère et de l’indignation face à la trahison des promesses du mariage. Il doit accueillir paisiblement ces sentiments et les affronter avec courage, en ayant si nécessaire recours à des médiateurs conjugaux ou à des sages. Il pourra alors découvrir ses propres faiblesses et sa propre responsabilité dans l’acte de son conjoint, et il aura d’autant plus de chances de sauver son couple qu’il fera lui-même une démarche pour changer et retrouver une paix intérieure qui le fera à nouveau préférer par son conjoint.

Par ailleurs, la famille et la communauté sociale peuvent jouer un rôle important pour la prévention des divorces et la réconciliation des époux. Voici un exemple de médiation traditionnelle dans le village de Duquesne-Crémone, près d’Adzopé, en Côte d’Ivoire :

Si un homme est convaincu d’adultère, lui-même et sa maitresse sont convoqués par le chef du quartier ou le chef du village et les anciens. Une fois la médiation conclue, l’amant doit payer une amende de 50 000 FCFA (soit 75 €) au mari trompé et offrir un mouton qui sera dégusté par les villageois lors d’une cérémonie de réconciliation, avec la présence obligatoire de la femme adultère, du mari trompé et de l’amant repentant.


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Source de l’image : sandiegofamilytherapy

[1] John M. Gottman, Nan Silver Les couples heureux ont leurs secrets, Paris, Lattès, 1999. p. 33-34.

[2] Vivre et aimer, n° 68, p. 26.

[3] Voir notamment www.alexandreCormont.com/vie-de-couple/divorce-apres-infidelite/

[4] Avec le manquement à la vie commune, les violences conjugales, verbales ou physiques, le manquement à la contribution aux charges de la vie commune, le manquement au devoir d’assistance, notamment en cas de maladie ou de difficulté professionnelle, un comportement irresponsable voire dangereux envers les enfants, la jalousie et la possessivité, les conduites addictives.

[5] Article 242 du Code civil français.