Dans le troisième exemple ci-dessus, la personne accompagnée n’a pas été confrontée à son adversaire mais elle aurait souhaité le faire.
Dans bien des cas, et notamment dans les couples en difficulté, il est possible d’aider les conjoints à renouer un dialogue constructif, avec l’aide de médiateurs dont c’est le métier.
Dans les sociétés traditionnelles et notamment en Afrique, le chef de famille ou de village réunit son conseil pour régler les questions importantes, avec un rôle intermédiaire entre celui de médiateur et d’arbitre. Ainsi la palabre africaine est utilisée depuis des temps immémoriaux pour rétablir l’harmonie dans une communauté, indépendamment de savoir qui a raison ou tort.
L’entrée en médiation nécessite en général un chemin de mûrissement car les deux conjoints ont l’impression qu’ils ont déjà tout essayé en vain pour se comprendre.
La médiation peut être conseillée par l’avocat avant, pendant ou après le divorce. Elle peut également être imposée par le juge dans le cadre de ce que l’on appelle médiation judiciaire, ou décidées librement par les parties dans ce que l’on appelle médiation conventionnelle.
Une médiation ne peut en effet démarrer que si les deux parties sont d’accord sur le principe d’une médiation, en acceptant de dialoguer avec l’autre, en présence d’un médiateur, avec un vrai désir de rechercher une solution, en acceptant les conditions éventuelles de rémunération du médiateur.
L’acceptation des conditions de la médiation nécessite parfois du temps, comme on peut le voir dans l’histoire ci-dessous, où la médiation entre les parents est proposée par leurs enfants.
Comme tout échange, le processus de médiation suit une « boucle de contact », avec un temps de préparation, un temps d’accueil, un temps de dialogue au cœur du sujet, puis un temps de conclusion et un temps de désengagement.
Le temps de préparation est souvent constitué d’entretiens séparés entre le médiateur et chacune des parties,
Avant la médiation, les deux parties ayant décidé de recourir à un médiateur, en arrêtent généralement les modalités d’un commun accord, de manière à aboutir à un contrat de médiation liant le médiateur et les parties. Bien qu’il puisse être parfois informel, le contrat de médiation est en général structuré autour des articles ci-après[1] :
Une fois le contrat signé ou du moins, décidé, la première réunion de médiation commune entre les parties débute par un rituel que Jacques Saltzer[2] évoque avec l’acrostiche PORTE :
L’accord étant donné sur le principe et la démarche, la médiation proprement dite se déroule en théorie selon quatre étapes décrites par « la roue de Fiutak ».
Dans les deux heures d’une médiation familiale, toute une vie s’écoule, depuis la première rencontre du couple, la création de la famille, le rêve de bonheur détruit, les enfants écartelés entre les deux parents et la séparation qui a brisé le cœur de chacun[4].
Figure 30 : la roue de Fiutak[5]
La formation d’un médiateur vise le savoir-être plus que le savoir-faire et que le savoir tout court. En outre, les médiateurs maîtrisent les nombreux outils de communication interpersonnelle, tels qu’évoqués précédemment, car ils les ont appris et expérimentés en commun. La maîtrise d’eux-mêmes (savoir-être) et de ces outils (savoir-faire) fait la différence entre un médiateur débutant et un médiateur expérimenté.
La littérature présente un grand nombre de cas de médiations conjugales réussies dont voici quelques exemples :
Gilles va trouver un médiateur après la décision de sa compagne Julie de se séparer après 15 années de vie commune et la présence d’un enfant de 12 ans. Il veut faire un travail sur lui-même pour récupérer sa compagne. Julie, qui a pris sa décision, n’éprouve pas le besoin d‘une médiation, mais elle accepte pour aider Gilles à accepter sa décision. Au cours du travail, les deux conjoints expriment leur souffrance respective et éprouvent de la compassion l’un pour l’autre. Finalement Gilles accepte de faire un travail sur lui-même quelle que soit la décision de Julie[6].
Madame et Monsieur sont accueillis en médiation pénale suite à une plainte de Madame pour violence conjugale sur sa personne. Madame explique au médiateur que Monsieur a un problème d’alcoolisme depuis longtemps et bénéficie d’un suivi médical. La violence verbale de Monsieur à son égard est un phénomène récent qui a fini par se solder par une violence physique à l’occasion de problèmes financiers.
Elle dit avoir un rôle de gendarme et être le souffre-douleur de Monsieur en lieu et place de sa mère contre laquelle il nourrit un ressentiment qu’il n’arrive pas à exprimer. Il n’a plus de contact avec sa famille. Madame a peur de la violence de son époux et de ses conséquences, étant donné l’ostéoporose dont elle souffre. Elle exprime cependant que sa souffrance liée aux violences physiques n’est pas la plus importante : »Il est dur d’encaisser un coup mais les violences verbales sont pires. Je me sentais humiliée par les insultes. » Monsieur est d’accord avec la version de Madame et dit : « Madame est ma tête de turc par rapport à mes problèmes avec ma famille ». Tous deux témoignent par leurs attitudes d’un lien de tendresse et de respect mutuel. Au terme de la médiation, Monsieur est disposé à se faire accompagner psychologiquement. La plainte et la médiation ont permis la prise de conscience de la violence installée dans les relations conjugales, et cela, bien avant le passage à l’acte physique[7].
Jacqueline Morineau, une des pionnières de la médiation en France, donne aussi des exemples de médiation réussie là où la justice a échoué [8]:
En fin de comptes, choisir la médiation, c’est choisir la bienveillance, choisir l’efficacité, choisir la coopération pour n’être ni bourreau, ni victime, ni sauveur, agir dans le sens de l’autonomie et de la responsabilité, apprendre à vivre les conflits comme des étapes, choisir de coopérer malgré les différences et les différends, exercer notre pouvoir de création et d’action, tout en laissant sa place à l’autre[9].
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[1] http://www.mediation-oav.ch/images/uploaded/file/contrat_mediation.pdf
[2] Médiateur français, professeur de médiation et auteur de plusieurs ouvrages. http://promediation.org/fr/qui-sommes-nous/les-equipes-operationnelles/jacques-salzer
[3] En France la médiation judiciaire se déroule sur trois mois. Elle est renouvelable une fois.
[4] Jacqueline Morineau, L’esprit de la médiation.
[5] https://i1.wp.com/www.club-agile-caen.fr/wp-content/uploads/2017/06/roue-de-Fiutak.jpg
[6] http://www.mediation-familiale.com/pem/articles.php?lng=fr&pg=15
[7] http://www.choisirlamediation.fr/exemples/mediation-penale-a-caractere-familial
[8] Jacqueline Morineau, L’esprit de la médiation, p. 141 et sq.
Outre la thérapie, l’accompagnement personnalisé est pratiqué depuis des temps immémoriaux, avec des grands maîtres comme Socrate, dont le questionnement aidait les membres de l’Académie à réfléchir et à se prendre en main.
L’accompagnement psycho-spirituel[1] est un espace de confiance, confidentiel et sans jugement qui s’adresse à toutes personnes, athées, agnostiques ou de différentes religions qui ressentent le besoin de considérer leur existence autrement qu’uniquement au travers ce qu’elles peuvent voir ou toucher. C’est une invitation à prendre du recul et à s’ouvrir à une autre dimension, sans rite ou dogme religieux, mais à partir de ce qui questionne, blesse, déchire ou intrigue. Dans les religions, l’accompagnement spirituel vise à accompagner un frère dans sa vie d’amitié et d’union avec Dieu lui-même.
Dans le monde « développé », l’accompagnement individuel est connu sous le nom de « coaching », qui prend la forme de séances répétées d’une à deux heures, autour d’un objectif précis comme par exemple : « comment rendre heureux mon conjoint ? », voire même « comment récupérer mon ex ?[2] ».
Comme pour les autres professions, il existe des écoles de coaching, avec leurs spécificités mais aussi avec des points communs que nous allons nous efforcer de présenter, à partir de notre pratique personnelle, et du livre de François Delivré « Le métier de coach[3] ».
Une des définitions du coaching est « l’art d’aider une personne à trouver ses propres solutions », par rapport à un problème actuel. Il se distingue du conseil et de la formation qui donnent des points de repère, de la thérapie qui n’aborde pas de problème actuel.
Suivant sa formation et ses compétences, le coach d’une personne peut intervenir à plusieurs niveaux :
Vis-à-vis de son client, le coach adopte une double posture :
Cette double posture est délicate car elle peut donner lieu à des dérives dont le client est en partie protégé par :
Lorsqu’il exerce son art, le coach fait appel à des compétences fondamentales que François Délivré regroupe en sept :
Dans son travail quotidien, le coach pratique :
Voici maintenant trois exemples d’accompagnement :
Personnellement, lorsque j’étais en formation, j’ai très souvent évoqué des situations de conflit, notamment avec mon épouse. Chaque fois, le coach- formateur m’a invité à revivre la situation, dans un cadre sécurisé. Généralement, il jouait lui-même le rôle de l’opposant, en m’invitant à aller au bout de mes émotions de peur et de colère, de honte, de dégoût ou de surprise. Parfois-même il m’a demandé s’inverser les rôles, où c’est lui qui jouait mon rôle tandis que je devais vivre le rôle de ma compagne. Je puis vous assurer que, chaque fois, cette expérience m’a permis de voir la situation autrement et d’aborder ensuite ma compagne avec un état d’esprit différent.
Hans et Josy étaient séparés et la garde de l’enfant avait été confiée à Josy car Hans était toxicomane. Quand il revient en France, il voulut revoir son fils, mais l’avocate de Josy eut une attitude très vindicative avec des propos violents contre Hans. Grâce à un accompagnement, Hans répondit posément à l’avocat et il parvint à rester calme lors de l’audience, si bien que le juge accorda la garde alternée[8].
Une femme en colocation, s’est fait violer à Paris en 1978 par les trois « amis » de sa colocataire, venus à l’improviste. Ses agresseurs ont été punis de sept ans de réclusion elle a touché 36 500 F de dommages et intérêts, mais cela n’a rien changé à sa vie qui a été détruite. Elle s’est sentie à nouveau comme violée lors des interrogatoires et de la procédure qui ont duré deux ans. Elle vivait dans la peur de rencontrer ses agresseurs à qui elle aurait voulu montrer sa vie devenue un enfer, mais elle n’a pas pu leur parler. Pendant longtemps elle a recherché sa réhabilitation mais elle ne l’a pas trouvé dans la procédure judiciaire. Elle l’a trouvé enfin en se joignant au Centre de Médiation et de Formation à la médiation (CMFM)[9], où elle a découvert la possibilité de vider son sac d’émotions, de sentiments et de ressentiments, pour s’apaiser. Après des années de souffrance, elle a découvert combien il est nécessaire pour une personne blessée de pouvoir faire part de sa peine, de sa haine, son amour ses rancœurs, ses incompréhensions ses doutes, sa souffrance à la personne directement concernée. Elle a compris qu’il est tout aussi important d’entendre cette personne justifier ses actes en répondant la question : POURQUOI ? Elle a aussi compris que la réparation matérielle donnée par la justice était importante, mais seule une médiation avec ses violeurs aurait pu apporter la réparation morale[10].
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[1] https://www.accompagnement-spirituel.com/
[2] https://www.alexandrecormont.com/conseils/recuperer-son-ex-rapidement/
[3] François Delivré, Le métier de coach, 3ème édition, Eyrolles, 2019.
[4] Il en existe plusieurs dont celui de la SF Coach que j’utilise personnellement https://www.sfcoach.org/wp-content/uploads/2020/04/Code-D%C3%A9ontologie-M%C3%A0J-7-Avril-2020.pdf
[5] Dans le cas d’une personne en difficulté dans son couple, ce peut être un parent ou un proche qui offre le coaching à son enfant ou son ami.
[6] Cf niveaux logiques de Dilts.
[7] Il peut s’agir du phénomène classique de transfert et contre transfert.
[8] http://www.mediation-familiale.com/pem/articles.php?lng=fr&pg=15
[10] Jacqueline Morineau, l’esprit de la médiation.
Lorsqu’une personne est en difficulté dans son couple, elle hésite généralement à demander de l’aide, sans doute par honte. Lorsqu’un d’entre eux le fait, il s’adresse en général à un parent, à ami ou à un proche, et ce dernier peut être de bon ou de mauvais conseil.
Dans le monde occidental, où les relations de famille et d’amitié se font parfois rares, les personnes en difficulté s’adressent plus volontiers à des professionnels de la relation humaine et, plus spécifiquement, à des conseils conjugaux.
Après avoir évoqué la posture de l’accompagnant, nous évoquerons différents types d’accompagnants qui ont tous une formation spécifique et qui mettent en œuvre des techniques particulières :