Pour la société civile, le divorce est admis et ne pose apparemment pas de problème. Pourtant, ses conséquences sociales sont bien étudiées et connues :
Nous nous étendrons plus loin sur la position de l’Eglise, où la doctrine sur l’indissolubilité du mariage n’a pas changé avec le synode des évêques sur la famille, par contre le contexte de la société a changé, et le regard de l’Eglise, tout comme son langage, ont profondément évolué, notamment à l’égard des divorcés engagés dans une nouvelle union.
On observera le terme « divorcé engagé dans une nouvelle union » et non pas le terme populaire de divorcé-remarié, résultant du fait que l’Eglise ne reconnaît pas une nouvelle union comme un mariage, sauf à ce que la première union ait été reconnue comme sacramentellement invalide. Reste à savoir quelle attitude pastorale adopter en faveur de ces fidèles catholiques. Amoris Laetitia donne des pistes qui méritent d’être approfondies avec l’éclairage du texte entier et non seulement des extraits ci-dessous :
Les Pères synodaux ont affirmé que le discernement des Pasteurs doit toujours se faire en distinguant attentivement les situations, […] il convient donc de discerner quelles sont, parmi les diverses formes d’exclusion actuellement pratiquées dans les domaines liturgique, pastoral, éducatif et institutionnel, celles qui peuvent être dépassées. […] Cette intégration est nécessaire également pour le soin et l’éducation chrétienne de leurs enfants, qui doivent être considérés comme les plus importants ; [A.L. 299]
Pour ce faire, l’Eglise a mis en place de nombreux services pastoraux dans les différents diocèses, mais surtout avec des associations comme Chrétiens Divorcés[3], Miséricorde et vérité[4] ou les équipes Reliance[5] présentées au chapitre 3.
Le travail est particulièrement délicat, comme le rappelait le pape François
Face aux situations difficiles et aux familles blessées,
il faut toujours rappeler un principe général :
‘‘Les pasteurs doivent savoir que, par amour de la vérité,
ils ont l’obligation de bien discerner les diverses situations’’
Le degré de responsabilité n’est pas le même dans tous les cas
et il peut exister des facteurs qui limitent la capacité de décision. [A.L. 79]
Il serait intéressant d’effectuer une enquête sur la manière dont le discernement proposé a été mis en œuvre dans les trois années qui ont suivi Amoris Laetitia. Dans l’attente de travaux sur le sujet, voici trois exemples tirés du livre de Guy de Lachaux : Union après un divorce.
La lettre de Mgr. Lebrun adressée aux personnes séparées, divorcées, divorcées remariées, membres de l’Église catholique le 8 septembre 2016[6], comporte une série de quatre demandes de pardon, suivis de considérations marquant sa sollicitude de pasteur :
L’expérience des groupes de parole montre à quelle point l’attente de ces personnes est grande de ne plus être isolées de la communion ecclésiale.
La cérémonie de retour à l’Eucharistie d’un couple remarié, relaté sur le blog d’un prêtre de la Mission de France[7] montre comment et dans quelles conditions, il est possible d’accompagner des divorcés dans une nouvelle union, après le temps de discernement demandé par l’Eglise.
Article suivant : Retrouvailles et réconciliation Table des matières /// Écrire l’auteur Commander le livre en ligne |
[1] http://www.enfant-encyclopedie.com/divorce-et-separation/
[2] Familiaris Consortio
[3] http://www.chretiensdivorces.org/
[4] http://www.misericorde-et-verite.fr
[5] http://www.equipes-reliance.fr/
[6] https://www.la-croix.com/Religion/France/Lettre-invitation-Mgr-Dominique-Lebrun-personnes-separees-divorcees-divorcees-remariees-membres-lEglise-catholique-2016-11-02-1200800269
[7] http://www.chautard.info/2017/08/samedi-19-aout-2017-fete-du-retour-a-l-eucharistie-de-philippe-et-annie.html
Si le temps de la séparation provisoire ne permet pas de rétablir une relation conjugale saine, et, par exemple s’il y a des raisons de penser que le mariage était invalide, il faut alors se résoudre au divorce civil, suivi éventuellement d’un procès en reconnaissance d’invalidité de mariage.
Le temps préalable au divorce civil est un temps sensible, qui peut être vécu de manière responsable, pour permettre à chacun de panser ses blessures et de reconstruire sa vie. Il peut être mis à profit pour permettre aux enfants de ne pas trop faire les frais de la séparation de leurs parents, en n’ayant pas le sentiment qu’ils ont perdu leur identité ou qu’ils sont responsables des disputes de leur parents. Il peut au contraire, être vécu de manière conflictuelle, avec des années de conflit et de violence, et le paiement de sommes très importantes[1].
Les conditions du divorce civil dépendent de la législation en vigueur dans le pays où a été célébré le mariage civil. En France, le droit prévoit une procédure de séparation de corps, trois types de divorces contentieux (divorce pour faute, pour altération définitive du lien conjugal) et un type de divorce par consentement mutuel, où les époux n’ont pas besoin de passer devant le Juge des Affaires Familiales sauf si un enfant des époux demande à être auditionné. Une convention est alors établie entre les époux avec l’aide éventuelle de leurs avocats respectifs et cette convention doit être déposée chez un notaire. Même en choisissant la voie du divorce par consentement mutuel, il existe plusieurs attitudes possibles :
Actuellement, la France expérimente la mise en place systématique de « tentative de médiation familiale préalable obligatoire » (TMFPO) pour favoriser des solutions pacifiques.
S’ils sont mariés à l’Eglise, l’un des époux, ou les deux, pourront entamer une procédure en invalidité du sacrement de mariage, s’ils sont mariés à l’Eglise, spécialement s’il existe un doute sur la validité à partir des critères évoqués dans la section précédente[2]. Ils devront alors s’adresser au curé de leur paroisse, et, selon les pays et les diocèses, à la cellule diocésaine d’information, de conseil et de médiation pour l’enquête préliminaire et ensuite au tribunal diocésain ou interdiocésain appelé Officialité. Si l’Officialité estime qu’il y a des éléments qui permettent d’envisager une nullité, le demandeur sera invité à écrire un document appelé libelle, accompagné d’un mémoire relatant la vie du couple avant, pendant et après le mariage. Le procès canonique qui en résultera ne visera pas à savoir qui a raison ou tort, ni à évaluer ce qui s’est passé dans le couple depuis le mariage, mais il s’efforcera de réunir des éléments d’information et de preuve sur la nature du lien conjugal au moment du mariage. Il prononcera alors une décision sur la validité ou non du lien sacramentel, selon une procédure normale ou brève, telle qu’indiquée sur les sites internet de plusieurs diocèses, dont ceux de l’Officialité de Dijon[3] ou de Toulouse[4] ou par vidéo[5].
Article suivant : Divorcé engagé dans une nouvelle union Table des matières /// Écrire l’auteur Commander le livre en ligne |
[1] Frais d’avocats, pension de secours, pension alimentaire, CEEE, frais de logement, augmentation des taxes, etc.
[3] http://pastoralefamiliale.free.fr/cplnullitesdemariage.htm
[4] http://toulouse.catholique.fr/Un-mariage-peut-il-etre-annule-Les
[5] https://www.theodom.org/procedure-nullite